Accéder au contenu principal

Iris Fossier, Double « Je »



Rêvé comme un parcours imaginaire dans un monde à deux têtes, le propos d’Iris Fossier associe la gémellité à sa représentation. Cette préoccupation s’incarne par une fascination subjective pour sa soeur jumelle monozygote Mara. Une double approche complémentaire même pas schizophrénique.

Cette réflexion sur l’identité, la ressemblance et la dissemblance, l’imposture et le vrai semblant pose la question du duplicata. Ici la notion n’est pas photographique. La double vie n’est pas une double vue.
La mise en œuvre didactique vise à rattacher des autoportraits de l’artiste à des perceptions intimes où chaque « je » se réalise entre combats de cowboys et d’indiens. L’un et l’autre s’affrontent et trouvent son identité propre dans l’antagonisme fraternel.
Mi-féminins, mi-masculins les visages asexués mais identiques sont répétés toujours avec le même angle de vue. Ces figures de héros solitaires, dédoublés regardent le spectateur avec une lisibilité parfaite et spontanée, cachant la méthodologie et la complexité de la mise en scène.

Tagada BoomBOUM, technique mixte sur toile, 160 x 250 cm

 Sur toile claire mi lin, mi coton à la maille visible,  l’artiste maroufle un papier de calligraphie ou de riz.  C’est le dessin gravé qui prime. Au crayon, à l’encre, à la gouache et avec le collage, les éléments s’installent dans l’espace sur la toile grisée en relief. La verticalité s’affiche par la présence de troncs d’arbre réalisés au papier mâché, une écorce à la densité presque réelle longuement étudiée après des promenades en forêt de Fontainebleau où l’artiste a élu domicile. Iris Fossier rend la nature plus conforme à son image idéale.
Une autre verticalité plus souple soulignée par la présence d’un cactus renforce la construction linéaire. Parfois un dinosaure alimente le discours narratif. Puis, la boussole, repère spatial, indique la direction du jeu de piste. Ces imbrications fantasques mais domestiquées sont conduites par l’élément crucial et  récurrent, le cheval.
L’autre dada de l’artiste c’est le grand Codex de la tapisserie de Bayeux où tout s’aligne. « J’ai le désir de faire une œuvre où les toiles assemblées racontent une histoire. Mis bout à bout, mes tableaux se suivent. Un tableau en amène un autre, un peu comme une pièce de puzzle. J’aime l’idée de la présence du jeu. »
Dans le cheminement,  l’innocence des images accède à la structure de la forme pour aboutir à un humour réjouissant, un plaisir enfantin qui renvoie, non sans malice, l’ambivalence du « je » dans le jeu.
Iris Fossier joue la naïveté pour susciter le trouble.  Son œuvre prolifique et sérielle s’extrait d’un formalisme amusé pour briser la cohérence première de l’étonnement. Tout un art de se réjouir autrement… 

 Iris Fossier

« Double Je »

Du 30 janvier au 23 mars 2013

Galerie Michèle Broutta

31 rue des bergers

75015 Paris