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Line Bonnef, l’Odyssée du signe

Les sculptures de Line Bonnef puisent l’inspiration de leurs lignes dans le sillon des signes de la culture orientale pour un voyage hors du temps.

Pour sa série Kalli, qui signifie littéralement « poème en mouvement » en Indien, l’artiste utilise  la résine, un matériau solide et léger, adaptable à ses idées les plus sophistiquées.
Une ou plusieurs tiges métalliques soudées portent d’abord un grillage sur lequel est placé du tissu de verre imbibé de résine polyester. Les espaces creux sont  ensuite comblés à l’enduit. Enfin l’ensemble est  poncé jusqu’à obtenir une surface lisse, puis peint.
Line Bonnef qui a longtemps pratiqué la danse et la chorégraphie, cherche ici à exprimer l’idée de mouvement qu’elle associe aux lignes d’écritures calligraphiques.
« C’est un ouvrage du calligraphe Hassan Massoudy qui m’a permis de faire le lien entre l’idée du mouvement et sa transposition en trois dimensions. Le geste libre de la main du calligraphe est comme une fulgurance et une inscription dans l’espace d’un geste, d’un signe en deux dimensions.  La calligraphie arabe est une écriture libre ; elle possède un rythme musical. Elle est sans cesse en évolution, ce n’est pas un art figé dans le temps. Il n’y a pas distorsion temporelle entre les Kalli et la calligraphie, dans la mesure où il s’agit, non pas d’une calligraphie traditionnelle, mais d’une calligraphie contemporaine telle que la conçoivent des artistes comme Tahar Aouida, Abderrazak Hamouda, Honda Koïchi et bien d’autres. »
Parfois reproduits à l’identique du signe, parfois librement interprétés, mais toujours à la manière du geste calligraphique, les Kalli sont des sculptures libres d’expression hors du temps.

KALLI- La Paix -résine polyester - 1,75m x 1,10 m x 0,40m

Line Bonnef peut briser l’ordre apparent, détourner le sens premier ou se risquer à des rapprochements qui n’ont rien de prévisibles avant de trouver une rythmique, qui s’impose d’elle même.
Ses sculptures sont une Odyssée du signe qui interprète la distance et l’absence.  L’artiste joue des formes et des contrastes qui combattent le vide. Ses œuvres sont un dialecte, dense qui peut se passer de codes. La matérialité profonde est renforcée par les tons monochromes, des couleurs vives et joyeuses.
« Je suis particulièrement attirée par le rouge, couleur de sang, de feu, de lumière. Le  bleu s’est   imposé pour « La Paix ». Quant au noir, non-couleur neutre, il est  le plus à même de mettre en valeur la forme. »
Le geste et la forme s’explorent dans une affabulation consciente. L’artiste préserve l’empreinte d’une partie de son adolescence passée au Maroc. Elle associe le signe à la substance de ses souvenirs, parfois sans laisser à ses sculptures la clé de ses énigmes.
Dans ce jeu chorégraphique sculptural, les mouvements s’épousent, se perdent et se confrontent sous une complémentarité des formes. Les contorsions lui sont propres et sa graphie ne semble jamais définitivement figée.  Line Bonnef est une équilibriste plasticienne qui restitue la poésie des mots à sa façon. Son geste arpente les volumes et ravive les contrastes. L’enlacement des courbes et l’alternance des segments offrent à son geste une impulsion émotionnelle et un désir de liberté. Entre le lisible et l’illisible, ses œuvres sont autonomes, analogues ou dérivées du sens pour acquérir leur propre dimension.