Accéder au contenu principal

Monika Andrén, le retournement par l’imaginaire

Sa peinture est un songe d’évidence au romantisme. Monika Andrén mêle l’acrylique et la peinture à l’huile sur toile, parfois l’aquarelle lorsqu’elle recherche une exécution plus spontanée. Elle peint au pinceau, laisse couler, absorber puis efface sans conserver le dispositif de création visible. Cette manière très délicate et fluide de procéder donne à ses œuvres une touche qui les rend parfaitement reconnaissables. Son intention revient parfois sur le geste. Elle anime puis déséquilibre sa composition. Une façon de bouleverser ses toiles au fil du temps pour laisser surgir une nouvelle atmosphère. L’artiste donne forme à la notion de transformation, à une sorte de retournement par l’imaginaire. Il s’agit de redonner à voir dans un autre espace, un autre temps pour procurer un sentiment confortable qui tient d’un état de bouleversement.
A dominante abstraite, ses toiles laissent surgir des représentations plus ou moins figuratives que le spectateur peut interpréter librement. Cette attention permet de rester dans l’hypothèse et de s’inscrire dans une histoire jamais résolue, entre les motifs et les références qui agissent comme des spectres qu’on ne peut saisir que partiellement ou comme des souvenirs que l’on oublie et qui reviennent. Cette succession interrompue de surprises picturales ouvre les portes d’un au-delà magique.
« Je suis attirée par les ombres, des silhouettes se glissent comme par magie sur la toile comme des trolls. C’est étrange car ce n’est pas recherché. Je suis allemande, je suis  certainement influencée inconsciemment par les contes et légendes... »
Monika Andrén accepte l’imprévisible comme mode opératoire.

Triptyque présenté au salon d’automne 2014, acrylique et huile sur toile.

Les ombres, les coulures et l’effacement permanent sont dominés par une palette douce et nuancée où le bleu est récurrent.
« Le bleu m’est très cher, je ne peux pas m’en passer. Il a ce côté mystérieux et poétique. »
Elle a vécu en Suède aux bords d’un fiord. L’eau et les rochers sont une source d’inspiration sans fin qu’elle retranscrit par leur caractère composite pour ensuite s’en détacher. Cette fragmentation du réel est une manière de magnifier et de s’éloigner du mythe d’une nature idyllique et du paysage sublime. Elle peint les paysages, de mémoire, parfois à partir de photographies qu’elle réalise par ses soins. Toujours en portant attention aux accidents, aux failles d’un décor qui pourrait se dire autrement.
Les contrastes induits par les rapprochements de couleurs créent des profondeurs et des reliefs au contour visible. Toutefois, ces effets sont de pures illusions car la surface de ses tableaux reste à dominante plane. Ce jeu de dupe souligne l’incarnation de la forme abstraite.
Monika Andréan nous invite à ralentir, à regarder, à s’extasier. La simplicité peut se révéler extraordinaire pour peu que l’on s’abandonne à l’imagination.
Sa poésie picturale  provoque des sentiments tout aussi réjouissants que méditatifs. Comment ne pas être complice de cette grâce esthétique ?