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Alain Malo, Qu’est-ce qu’une femme ?

Alain Malo déploie un récit de l’intime qui trouve écho dans l’esprit de chacun. Son  ambition exprime ses interrogations sur le sujet le plus mystérieux qui existe pour un homme: « Qu’est-ce qu’une femme ? »

Citadines, 162 x 130 cm
Sa série le Pentapicture est un ensemble de cinq toiles sur l'évolution de la féminité et du corps à travers l'âge.
« Chaque tableau décrit une anecdote, ce sont des extra-terrestres qui découvrent une Terrienne, c’est une mère qui montre à ses filles leur avenir, des femmes mûres qui se penchent sur leur passé ou encore des citadines qui découvrent la Nature. »
Sa démarche est pensée et étudiée au préalable sur de multiples croquis avant d’intervenir sur la toile à l’acrylique, au pinceau. Les personnages sont peints d’après des modèles vivants. La représentation est figurative, franche. Elle fonctionne, par sa frontalité, sa planéité et sa naïveté forcée.
« J’ai cherché à multiplier les contrastes forts entre les deux mondes, entre le premier et  le second plan avec la divergence des couleurs, les techniques de peinture, la position debout et couchée, les situations de veille et de sommeil, la présence d’ornements, la vraisemblance, le nombre… »
Au centre, une femme allongée au teint diaphane, aux formes généreuses et à l’apparence lascive semble être l’attraction contemplative de fines muses  flamboyantes, toutes droit issues du royaume d’Hadès. Leur tonalité rouge diabolique les déréalise, en partie. Ces figures pourraient être les actrices perfides de l’inconscient. Au second regard, l’usage de la couleur et de la ligne, la répétition narrative de ces curieuses devient drolatique et relève  même d’une certaine ironie.
Chacune porte un bijou, détail justifiant leur soumission à la préciosité du Paraître. Ces femmes sont les esclaves de la Beauté et de la Jeunesse.
 « Une femme parfaitement nue, sans le moindre bijou, est pure, tout à fait pudique à côté d’une femme qui porte un vêtement ou un artifice pour se cacher, s’embellir ou se faire remarquer. Je suis en guerre contre l’hypocrisie et la pudibonderie. »
L’artiste  joue de la métaphore et place ses objets dans une situation ambiguë. Il dénonce ce glissement vers les signes extérieurs de richesse, les formes du désir liées à l’éternelle jeunesse, au matériel, aux signes d’une société consumériste qui ne sont ni totalement une nécessité, ni vraiment superflus mais source de satisfaction ou de performance.
Les couleurs criantes, les contours visibles prononcés sont autant de démonstration de force pour évoquer la faiblesse et l’irréfutable destinée de la vie. L’artiste n’a pas la prétention de proposer des réponses. Il nous incite à contacter l’insolite, l’étrange, l’impossible, mais aussi à approfondir notre réflexion, au-delà des apparences, dans des espaces de questionnement où le corps, la représentation morphologique devient moteur. Le sommeil d’un corps naturel, passif qui s’abandonne, se confronte aux formes éblouissantes, artificielles et saturées d’autres corps en éveil, actifs, en jugement.
Il s’agit de mettre en tension l’idéal standard et la différence, la dégradation physique, la décrépitude et la pleine vie. Un coussin, des chaises, des inscriptions renforcent le réalisme qui se dispute à l’étrange. L’intrication de ses détails procède par strates d’images que l’artiste fait converger les unes avec les autres.
Dans cette composition imprégnée d’une culture de science-fiction, Alain Malo amplifie l’incertitude temporelle. Ses muses errent à la surface d’un monde surnaturel, un semblant de songe éveillé où la féminité se bat avec férocité.