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Omar Belghiti, au-delà des signes

OmarBelghiti est un artiste marocain qui vit à Rabat. Il peint à l'acrylique et allie des matières traditionnelles comme des poudres ocres ou bleues utilisées pour l'architecture.
« Les couleurs traduisent une certaine chaleur et une dynamique avec un référentiel culturel. Le rouge et le vert sont les couleurs nationales marocaines. J’utilise aussi le bleu Majorelle. Mon intention est de préserver dans mes œuvres le caractère marocain avec des couleurs vives qui éblouissent. »  
C’est sans aucun doute la couleur qui compte, qui construit le territoire de sa peinture. Vibrante et vivante, elle déploie le rythme de l’œuvre. Mais l’artiste revendique autant la force imageante des jeux de couleur que de forme. Si l’apparence de ses travaux peut être abstraite au premier regard, quelques éléments figuratifs surgissent au second. Les arcs, les portes, les murailles, les carreaux sont autant de symboles culturels riches qu’il insère, parfois sous forme réaliste, parfois sous certains angles en abstractions géométriques, recadrées, déformées, multipliées, superposées et redéployées.
Ces motifs concentriques au fort effet visuel ne sont pas sans conséquences méditatives. Le champ spirituel flotte sans attaches dans la stratosphère poétique de l’artiste et impose un rythme de l’élévation. Une hiérarchisation de la perception entre le fond et la forme, la base et le sommet. Omar Belghiti fait se côtoyer différents espaces et différents temps. Il concilie passé et modernité, tradition et innovation. La multitude des points de vue possibles gomme les référentiels et plonge le regardeur dans une instantanéité. Dans la fulgurance de son exécution, une coulure, un léger affleurement dissout le motif. Sa gestualité maîtrisée raconte quelque chose de personnel. Les contours d’une histoire, l’intuition d’un lieu se dessinent.
« C’est une fuite vers un monde où l’esprit est libre voguant dans  un univers où l’imaginaire est une cinquième dimension. Une ouverture vers la liberté de la pensée et d’expression au delà même des sens des mots. »

Porte de la Médina, 2012, acrylique sur toile, 90 x 90 cm

Omar Belghiti laisse le regardeur explorer son travail comme un archéologue qui irait à la découverte d’un lieu baigné de traces de culture, de mémoire et d’histoire.
Il créé un espace couvert d’ornements visibles et entrecroisés à l’infini, permettant de contempler l’insaisissable et d’entrer en contact avec l’invisible ; là où la forme et les contours sont chahutés. Le tissage sans fin des arabesques, entrelacs et figures géométriques vise à créer une lecture continue. Peu à peu les fixations mentales se dissolvent dans le secret. La mosaïque se répand ; les carrés irisés, symbole terrestre de la création, renforcent l’aspect immatériel et lumineux des pavages. La lumière, symbole suprême de l’Unité divine, s’impose comme une vibration transformant la couleur.
L’étoile à huit branches, repère culturel phare arabo musulman, synthèse du Divin, de l’origine et de la perfection est aussi récurrente. Dans l’Islam, il est dit que huit anges supportent le trône de Dieu… Dans son acte créateur, Omar Belghiti laisse se deviner un art qui tend à s’abstraire du monde réel, pour mieux réfléchir. Il attire l’attention vers un message qui se trouve au-delà des signes avec force et singularité.