Fidèle
à une esthétique contextuelle, Alkaplan reproduit des paysages, de villes, des rues. Autant de décors en
mouvement qui fourmillent de détails et de vies d’une
richesse et d’une curiosité insatiables.
Paris est une ville lumière qui éclaire son inspiration, en particulier les
quartiers pittoresques du Moulin rouge, du sacré cœur et de la place du tertre,
terrains jadis, des expressions artistiques d’avant-garde.
Le lieu est
au cœur de ses recherches, entre réalité et invention humaine, tellement
construit qu’il devient presque virtuel, comme issu d’une BD ou d’un dessin
animé, là même où l’éclat est entièrement voué à la couleur.
« La couleur m'évoque un
sentiment d'humanisme, de douceur, de sensibilité, d'amour. C'est une émotion
envahissante et une vibration indescriptible. »
Cette inspiration colorée et animée l’inscrit dans une démarche
artistique animériste qu’il revendique.
Constituées d’éléments épars, ses toiles sont un champ de signes
travaillés mais déformés, comme scrutés à la loupe. L’artiste désarticule les
relations logiques et dresse son paysage mental pour coloniser l’espace de ses
réalités-fictions.
Montmartre '' La Bohème'', huile, 100 x 81 cm |
Cette figuration narrative devient une caricature d’elle-même. En
animant et déséquilibrant sa composition, sa peinture se transforme et avance
doucement. Elle se projette sur la concentration d’un moment qui s’inscrit dans
un instant T. Le surgissement de l’image et son inclusion dans le temps font
écho.
« La peinture animériste a
le caractère de la vie sous toutes ses formes, visible et invisible, elle
raconte le monde du vivant. Chaque partie de la toile en elle même est un
tableau, chaque jour est une autre toile, un mouvement perpétuel comme la
vie. »
Son travail fait résonner le potentiel narratif de toute
histoire. L’inclinaison elliptique, à la fois flottante et profondément
enracinée, est saisissable. Il trace des directions, des lignes de force, des
nouveaux espaces discursifs qui participent d’une appréhension polysémique de
la scène.
Travestie ou détournée, la scène échappe aux stéréotypes de
lisibilité du décor symbolique. Elle déborde et emporte le motif dans une autre
dimension. Alkaplan nous plonge dans l’envers du décor, dans l’immatérialité de
l’image. Il incite à porter attention aux accidents d’une scène qui pourrait se
dire toujours autrement. C’est la translation d’un monde à l’autre, un voyage
dans un espace-temps parallèle, dans lequel rien ne se perd, tout se
transforme, où tout s’étire au maximum vers de nouveaux possibles. Sa quête déclenche ce flot de représentations d’un monde
imparfait mais tellement réjouissant. Si tout cela est un rêve, peut-on choisir
de ne pas se réveiller ?