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Les traits d’esprit d’Arlette Delevallée 


La recherche d’Arlette Delevallée est hybride et toute entière concentrée sur le commentaire de la vie.


Pour sortir du respect de la forme, de la matière et de la technique en exprimant tout l’humour qui est en elle, l’artiste utilise des cartons thermoformés montés sur châssis qu’elle transforme en volumes peints.
Travaillé avec des apprêts spéciaux, le carton s’anime sous l’acrylique ou l’huile. Rigide, à l’épaisseur maîtrisée, le support est aussi idéal pour insérer des collages, des pochoirs mais également des mots, des messages drôles et politiques à la fois : c’’est l’occasion de dénoncer avec ironie les travers de la société, comme le goût du pouvoir qui dévore les hommes. 
« Le pouvoir, compétition… Tout compétition… Que compétition. Plus haut… Plus vite… Plus fort. »
Le rythme des phrases qui ponctue l’œuvre est haché comme une respiration saccadée.

Triptyque:Petits jeux concours citoyens...Qui va gagner.... .3fois 65x140x18cm= 200x140x18cm

Arlette Delevallée donne du sens et délivre un message cadencé sous la prégnance de l’actualité. Il y a dans ses œuvres, comme chez Niki de Saint Phalle (une inspiration revendiquée) une dualité récurrente ; une relation entre les figures emprisonnées dans la forme et leur évasion, l’animation, le déplacement.
« J’ai eu le sentiment d’être rattrapée par l’actualité. Avec cette coexistence entre le fait de se cramponner à ce qu’on est, à son origine et par ailleurs la vie qui vient de l’extérieur. »
Et puis le message prend toute son ampleur par la couleur. Une palette riche et vive.
« J’ai une passion pour la couleur. La couleur est magique car en réalité elle n’est que vibrations et impressions visuelles. »
La coloristique est une spécialité disciplinaire qu’elle a enseigné.  De l’aspect psychologique à la sensation physique, ses travaux mettent en lumière tous les niveaux de perception et d’utilisation du champ coloré.
Sous cette virtuosité alchimique de dosage de pigments, une farandole de personnages et d’animaux prend vie. Ces portraits surdimensionnés et montés au-delà de la surface   laissent s’exprimer chaque caractère.
L’arrangement spatial tient souvent de la mise en scène de théâtre. On retrouve effectivement dans ses tableaux, le cadre de la scène. L’attention, guidée vers ses principes de cadrages et de superpositions, laisse le regard s’enfoncer et repérer quand le dessin joue avec les surfaces et vice versa. C’est dans ce mouvement optique, entre surgissement et disparition, que les signes et les symboles s’installent. Les œuvres d’Arlette Delevallée fusent comme des traits d’esprit où la réalité amusée et grinçante se dessine dans la fiction. 

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Arlette Delevallée’s Wit

Arlette Delevallée’s search may be hybrid but it is fully focused on life’s commentary.

To step out of the respect of form, matter and technique but still express all of the humor she’s got in her, the artist uses thermoforming cardboards stretched onto a frame she then transforms into painted volumes. First she applies special undercoats so the cardboard reacts with acrylic or oil. Rigid but with a controlled thickness, the support is also ideal to integrate collages, stencils, but also words, both funny and political messages: it is her opportunity to use irony to denounce society’s faults such as the greed for power that consumes men.
“Competitive power… all competition… only competition. Higher, Faster, Stronger.”
The sentences’ rhythm that punctuates her works seems like rapid bursts of some staccato breaths.
Arlette Delevallée makes sense as she delivers a message about what’s in the news. As in Niki de Saint Phalle’s art (an influence Arlette doesn’t mind claiming), there is a recurrent duality in her works: a relationship between her figures that seem imprisoned both in form and escape, and movement even animation.

“I had the feeling the news caught up with me. With this coexistence between holding on to what we are, its origin and all outside life.”
Then the message attains its full strength through colors: a rich and bright palette.
“My passion is color. Color is magic because in reality it is only vibrations and visual impressions.”
Color is a professional discipline she actually taught. From the psychological aspect to the physical sensation, her works highlight all the perceptions and uses of the possible field of colors.
Thanks to this alchemical virtuosity of pigment dosing, a dance of characters and animals come to life. These oversized portraits, which are mounted beyond their frame, let each character express itself.
The spatial arrangement often resembles a theater set. Indeed in her works, one can recognize stage composition. The attention is guided towards framing and superposition, so it lets the gaze go deep and spot when the drawing plays with surfaces and vice-versa.  It is within this optical movement, between appearance and disappearance that signs and symbols take root. Arlette Delevallée’s works erupt like witticisms where amused and bittersweet reality enters fiction.


English translation by Françoise Dubois