Avec le collage, Laurence Hochin met en mouvement sa pensée pour revisiter et fragmenter les territoires et les corps.
Effet d’optique
Devant une œuvre de Laurence Hochin on croit voire une peinture. Les effets de lumière
et les combinaisons d’une palette qui mêle le sombre au radieux, participent à
une
impression mouvante, une sensation dynamique qui pourrait s’apparenter, un
instant, à des traits de pinceaux. Cette optique chromatique fait surgir le
merveilleux.
L’expérience presque hallucinatoire révèle des astuces de style et d’échelle,
d’optique et de lumière. C’est à s’y méprendre mais une fois que l’œil
s’acclimate la mise en espace se devine belle et bien grouillante de
minutieuses particules librement choisies au coup de ciseaux.
Lo, technique mixte, 30 x 40 cm |
La récup’ du réel
Si la peinture, la gravure et la sculpture sont autant de techniques
qu’elle explore volontiers, le collage lui permet de faire surgir l’unité à
partir d’éléments disparates. Sa
recherche procède d’une collecte de papiers en tout genre. Un véritable art de
la récup’ qui permet à l’artiste de s’interroger sur les habitudes
consommation.
Cette anémie de moyens se transforme en boulimie de l’action.
Conduite par la couleur, elle découpe, assemble et colle méticuleusement
ses petites unités de sens. Il s’agit de reproduire un motif, le plus souvent
un paysage qu’elle a capturé au préalable par la photographie lors d’un voyage.
Du morcellement à la reconstruction
L’artiste associe l’aspect architectural de la ville, le naturel du
paysage à l’apparence humaine du portrait. Les sujets représentés sont réels,
sans critères sociaux. Ils sont mis en lumière à partir du ressenti personnel
de l’artiste, sans jugement de valeur.
New-York, Dakar, Paris, Budapest, La Camargue, Saint-Malo… Les
références éclatées des lieux évoqués sont aussi explicites que les traits
parfaitement identifiables de ses autoportraits.
Du morcellement à la reconstruction, la réinterprétation figurative du
motif défend la finesse d’une véritable dentelle de papier. Ce copié/collé d’un
nouveau genre s’affirme avec originalité sous deux niveaux de lecture ; un
point de vue global qui fait illusion de peinture et le détail qui focalise sur
un extrait de prospectus, un logo, un objet… Autant d’éléments ordinaires du
quotidien parfaitement reconnaissables.
Saint-Denis, technique mixte, 38 x 46 cm |
Les fragments sont vus comme de véritables constructions. Les espaces
s’ouvrent, la limite est tenue entre réalité et fiction. Entre les lois du
hasard et de la maîtrise, l’idée de proportion est remise en cause. Ce
déséquilibre sacralise le motif et le détache du tangible.
L’artiste recompose la narration et rejoue différemment le réel,
doucement heurté.
Cette volonté de perturber sans pour autant se détacher participe à une
troublante reconstruction qui fait oublier la technique du collage.
Les petits papiers de Laurence Hochin sont de puissants révélateurs de
formes et de sens qui soulignent une œuvre artistique remarquable par son
charme et sa nouveauté.