Son
geste est imprégné du vocabulaire de l’illustration, un parent riche et
légitime porté par un réalisme et une narrativité singulière qui constitue son
œuvre.
Elle
peint des portraits, des natures mortes, des paysages figurés où les
possibilités de récits sont systématiquement discernées. Cet élan narratif
s’appuie sur des modèles habités. Valentine Clouët des Pesruches capture le
magnétisme d’individus à l’allure et la personnalité authentique. Elle
questionne l’identité, l’apparition de l’événement, du caractère. Enfant
savant, petite fille fragile, jeune femme au regard clair… Elle aime montrer la
diversité des existences. Aujourd’hui ce sont les hommes et les femmes dont les visages
évoluent avec une maturité qui redessine leurs traits de façon particulière et
imprévisible, qui l'attirent.
Ses
modèles sont vivants. « J’aime voir les gens, les regarder bouger,
capter ce qu’ils ont en eux, déceler leur individualité qui fera toute la
différence. » Cette garantie de style et de singularité exprime une
forme ultime de patience, une peinture où il est avant tout question de temps,
de la capture et la concentration de l’instant. Les présences sont douces, persuasives,
apaisantes. « J’essaye de choisir le côté positif de la personne. » Sa lecture sensible de
l’être enchante l’atmosphère.
L’artiste ralentit, regarde, contemple
la poétique d’un décor, d’un paysage d’automne, d’un bord de mer, d’un marais
salant qu’elle sublime vers une abstraction avérée. Son trait devient plus
diffus. Le lâcher prise s’affirme. La palette est douce, le bleu des cieux
souvent présent se dilue dans le rose, l’orangé. Elle travaille la lumière
naturelle, prélève l’ordinaire, la simplicité du banal et du familier pour
révéler l’extraordinaire.
De la nature à
la ville, la restitution du réel est pour elle un prétexte à l’adoption de son
point de vue, de son ressenti. La vision urbaine des chantiers lui inspire une
autre tournure plastique. « La mise en scène, la composition,
l’équilibre de ces sites en construction sont très attirants. » Un
ballet de grues, de pelleteuses, de parpaings, d’empilements de contrepoids,
d’énormes poutres laissent libre court à un jeu de lignes en parfaite structuration
qu’elle retranscrit avec une rationalité distante.
Valentine
Clouët des Pesruches partage le goût de l’expérimentation dans ce qu’il incarne
l’idée d’explorer des possibilités inédites. Elle ne revendique pas de
technique. Crayon, aquarelle, gouache, huile, acrylique, gravure… Elle connaît
les astuces de la peinture. Chacun de ses sujets lui inspire un procédé, une
tentative, un chemin de recherche pour révéler les composantes narratives du
réel entre l’analyse, l’impulsion et la distance.