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Isabelle Volpert, réminiscences

L'heure du bain ! Pastel sec
Acrylique, huile, pastel, les strates se superposent, se combinent, s'entrelacent et nous plonge dans une rêverie ouatée qui raconte son histoire, laissant délicatement percevoir la restitution du réel et la curiosité d’un ailleurs.

Isabelle Volpert travaille d’après ses propres photographies, puis réalise des croquis. Dans la reproduction d’une attitude, à la recherche du détail frappant, souvent le regard, elle soutient par la couleur en superposant l’huile à l’acrylique. Cette coloriste travaille au pinceau, parfois au couteau.
« Pour mettre en place le dessin, je commence par l’acrylique, c’est plus gestuel, nerveux et cela sèche rapidement. Ensuite l’huile permet la déformation, j’apprécie les couleurs et les transparences de l’huile, elles permettent plus de subtilités... »
Dans cette harmonie chromatique, les tons chauds s’unissent aux plus clairs. Les valeurs dégradées sont également soutenues par le flou, le trouble des faciès. Les identités des personnages s'affichent oubliées, comme absorbées, spectrales. Ce diffus est exécuté entre douceur et apaisement et cohabite avec le précis. Il se laisse bercer par une recherche fluide entre abstraction et figuration, entre irréel et réel.

L'artiste n'appréhende pas la scène dans son entièreté mais la présente comme un fragment, une pièce isolée d'un ensemble plus vaste. 
« Ce qui compte c’est le mouvement, l’harmonie et le travelling arrière. On ne peut pas tout dire, il faut savoir garder un peu de mystère. »
Avec ce point de vue en retrait, la scène acquiert un nouveau statut, entre le céleste et le terrestre. Cette pudeur picturale évacue le « trop » et préserve toute l'intrigue, entre la mémoire et l’oubli, l’apparition et la disparition. La dimension atmosphérique efface bon nombre de repères mais nous indique toujours quelques indices, des unités de lieux qui préservent une partie de leurs secrets. Ce sont des scènes familiales au bord de l’eau, des marchés, des mouvements de foule...  Isabelle Volpert flotte avec ses attaches, souvent en quête de l’émotion d’un souvenir de voyage en Bretagne, en bordure de mer ou vers des contrées plus lointaines. La logique narrative reste en suspend et laisse voguer son trait ; un mouvement permanent entre figuré et fragmentation. Elle préfère laisser le spectateur explorer son travail avec plusieurs pistes de lecture et le l’inviter à éprouver lui-même les contours de la situation.  Le dépaysement n'en est que meilleur. 

Ses travaux diffusent un climat, un repos, un arrêt dans l'étendue d'une séquence. 
Du paysage au portrait, ses toiles transmettent le ressenti d’une situation, d’un personnage. La signification des figures et des espaces, des forces de la nature et de la fragilité d'un individu, illustrent la relation essentielle qui lie l'environnement au regard humain. Chaque portrait porte en lui la mémoire d'une vie.  L'artiste peint en évoquant une âme. Une expression déterminée, médiatrice de sens qui témoigne toujours d'une sensibilité poétique.

Le regard, le climat de la scène, la lumière se figent dans un état fugitif. Et c'est là tout l'art d'Isabelle Volpert ; savoir capturer l'éphémère, ce qui se dérobe, ce qui disparaît. Une partie de son énigme picturale se dévoile entre intention et intuition sous nos yeux comme autant de présences qui font remonter les pensées, la mémoire, les souvenirs effacés. Ses œuvres nous apparaissent familières, comme si leur contenu était associé à nos propres réminiscences émotionnelles.