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Jean-Marc Pouletaut, Les Mains Sales

 


Avec cette série, Jean-Marc Pouletaut explore la notion de « toucher visuel », entre l’optique et l’haptique.

Cette série présente quatre toiles monumentales de 2,4 x 10 mètres réalisées en 1995 et exposées en janvier 1998 à l'Atelier de la Lanterne de Nice.

Le procédé isole l’eau pour mieux la représenter par l’intermédiaire de la peinture acrylique noire sur un tissu écru suspendu sur un fil.  Sous la forme d’empreintes des cinq doigts de la main droite, des traces apparaissent hiérarchisées dans un mouvement uniformément accéléré selon trois axes comme s'il voulait essuyer chaque doigt de la main avec ce tissu. D’abord un inventaire systématique des empreintes, colonne par colonne. Puis un remplissage total de la toile avec les cinq doigts de la main. Et enfin deux autres compositions différentes toujours avec les empreintes des doigts.

Pour ce faire, l’artiste plonge ses mains dans le pot d’acrylique puis appose ses empreintes côte à côte et par colonne, doigt après doigt, du pouce à l’auriculaire. La partie supérieure de l’empreinte apparaît ronde et la partie inférieure pointue. L’enchaînement est automatique et dicté par une stratégie sérielle. En insistant sur la répétition, une atmosphère se déploie. Les traces visibles, abstraites, jamais récurrentes révèlent une rare conjugaison entre une évidente lucidité et une puissante inspiration.

Sa recherche picturale ne vise pas en soi la représentation mais plutôt les effets de la perception, en éveillant le sens du toucher dans le regard.

La technique minimale mais incarnée s’apparente à une véritable codification signalétique pour désigner du doigt, l’individu, tout en faisant l’impasse sur son identité.

L’empreinte de la main cache, compense et se substitue à la fois. Elle figure en quelque sorte les parties de l’être. Elle désigne les points de fuite, la perspective existentielle, autrement dit, le destin. Au-delà de ce qui peut paraître une dextérité visuelle, la série porte une ambition philosophique. L’empreinte devenu signe évoque aussi l’Histoire de l’Homme.

Dans les grottes paléolithiques, les projections pigmentaires et autres écorchages de la surface étaient autant de procédures physiques qui firent apparaître des mains négatives. Jean-Marc Pouletaut réincarne les images restantes des premiers artistes en transmettant l’universalité du geste. Ses traces mémorielles renouent avec l’intention créatrice originelle ; elles sont une plongée dans la substance du monde. 

En référence au noir de Pierre Soulages et aux plis de Simon Hantaï, Jean-Marc Pouletaut aura su faire preuve de minutie. En fait, ce dernier aura fait partie du salon Direct Art 1996 au Palais des Expositions à Nice. Il aura été sélectionné parmi les 10 meilleurs artistes sur le plan de créativité sur 700 artistes exposants.