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Articles

Affichage des articles du décembre, 2020

Anne Procoudine-Gorsky, la chute

  Chute 03 “L’année 2020 fût une année extrêmement déstructurante pour moi. Parallèlement, un certain virus nous a fait prendre conscience de la chute de notre monde.”   Son expérience de création témoigne de sa vie personnelle, de la condition humaine, restituant les émotions, les traumatismes, l’ambiguïté et l’absurde de l’existence lorsqu’elle s’abstrait de ses libertés. “Le moment le plus productif sur cette série intitulée La chute fût la période du premier confinement, où j’ai pu, dans un travail journalier, produire et exprimer cette sensation de chute intérieure, que les évènements de la vie ont provoqué chez moi.” Ce témoignage du sens tragique d’une destiné e intime, se révèle dans un mouvement descendant où le corps projeté se métamorphose.   Anne Procoudine-Gorsky travaille habituellement sur grand format. Les travaux de cette série la conduisent à explorer des dimensions plus réduites. Sur papier de 160 à 200 g format raisin, elle réalise au

Valérie Jayat, les chimères et le réel

  Dame Oiselle Peuplé de femmes, d’hommes et de créatures aussi inquiétantes que bienveillantes, son univers pictural mystérieux et amusé, chuchote et interroge.   La peinture, l’encre, la lasure, le crayon participent à sa technique mixte sur toile. L’artiste dépose ses couches en aplat ou les étirent au couteau ou à la raclette selon une gestuelle qui lui appartient. La lumière et le paysage abstrait du fond se composent, souvent en résonnance avec la mer de Bretagne, région où elle réside.   « J’aime évoquer le côté rocailleux avec les raclements de l’encre, et la lumière qui est magnifique dans le golfe du Morbihan. Je ne reproduis pas exactement les paysages que j’ai sous les yeux mais des sensations avec parfois de petits détails de lignes ou de couleurs. »   Après le paysage, Valérie poursuit son cheminement en définissant la posture des personnages. Des géants redimensionnés au visage souvent effacé ou masqué. « Souvent j’esquisse des visages que

François Plumart, la pérennité de l’effet

  Egon Schiele, acrylique sur bois 70 x 50 cm François Plumart revendique la force imageante du portrait en laissant surgir le figuré du diffus . Cette hiérarchisation de la perception fait se côtoyer différents espaces et différents temps, conciliant passé et contemporanéité.   « Le lien entre tradition et modernité est très fort dans mon travail. Je le retrouve en utilisant des techniques associant marouflage et colle de peau comme pour les icones, des recettes de variantes de peinture à l’œuf, de l’huile et de l’acrylique, en cherchant d’abord les lumières et les surfaces avant de poser mon dessin. La qualité du support détermine l’effet pictural et la pérennité. »   L’artiste semble happer par l’histoire de chaque personne qu’il dessine. Il peint simultanément à l’aide de ses deux mains et magnifie le portrait en sublimant ce qui se dérobe sous nos yeux ; un regard, un détail du visage, les mains (très récurrentes dans son œuvre.) Autant de présences et

Sandrine Hirson, découvrir les possibles

  Si douce est la terre, 2020_20x20 Entre le mystère et l'intuition, sa touche travaillée dans la profondeur et le mouvement, donne la primauté à la couleur pour faire ressurgir des sensations de nature.   Elle peint à l’huile, essentiellement avec les trois couleurs primaires et le blanc à l’aide de spalters, pinceaux et couteaux. Par strates successives, des aplats abstraits, autonomes, se superposent. Autant de formes subconscientes, créatrices de sa raison intuitive, véritables accidents de surfaces qui conduisent son geste.   Cet enchevêtrement donne l’impression d’une succession de plans où l’équilibre s’affiche naturellement. En réalité, une réflexion en amont structure ses choix. C’est ensuite, l’inspiration du moment qui guide sa main.   Sa plénitude picturale s’éveille en se détachant complètement des apparences. L’artiste intériorise puis transpose la représentation en imaginant son propre vocabulaire abstrait, construit et dépouillé. Ses

Lucien Mélou, l’arbre, la force libératrice du temps

  Magic Dream XVIII, acrylique sur toile, 60x60 cm Son inspiration naît de la contemplation du spectacle de la nature. Celle-ci s’exprime de façon sérielle à travers l’arbre, transformé en espaces colorés, faisant état de bouleversements à l’image du cycle des saisons.   « Depuis mes débuts en peinture j’ai représenté la nature, les paysages. Ces thèmes étaient pour moi évocateurs de mon enfance et ma jeunesse. » Lucien est né sur les coteaux d’Argenteuil en 1947 lorsque la campagne, les bois et les prairies étaient encore environnants. Ces havres de paix et de contrastes au panorama intimiste et contemplatif, diffusaient un climat que l’artiste a d’abord traité par touches d’impression.     « Claude Monet a peint la célèbre toile “Les coquelicots” à Argenteuil. Une reproduction photographique de cette œuvre trônait dans la salle à manger familiale (…) Pendant longtemps ma manière de peindre fut inspirée par les œuvres impressionnistes. »   Les années

Nadine Vitel, ce quelque chose de familier

Soleil couchant « Ce que j'aime avant tout c'est peindre le mouvement, la vie ! »  Du figuré à l’abstrait, de la couche supérieure à la couche inférieure, on traverse plusieurs mondes devant les toiles de Nadine Vitel. Danseurs, musiciens, animaux, scènes de sport hippiques, cyclisme, tauromachie...   Ses travaux s’envisagent comme un flux de témoignages sur l’activité humaine.   Ils ont cette capacité à capturer, reconstituer une image du vivant, le fragment d’une scène faisant se côtoyer différents espaces et temporalités.   Pour chaque toile, la représentation se fragmente et se rétablit avec une nouvelle lisibilité plus précise. Entre discernement et transformation, l’illusion s'ajuste puis se trouble . Les personnages ont la particularité de ne pas avoir de visages, faisant place à une nouvelle expression abstraite, détachée de la figure. La peintre efface l’identité et matérialise le poids de l’imaginaire en proposant un espace de questionnem