Accéder au contenu principal

Nikou, rationaliser le chaos

Nikou morcelle, assemble, colle et reconstruit. Sa composition prolifère et dépasse les frontières du visible, ne laissant distinguer que quelques indices dans une abstraction dominante.

 

Ses collages sont des empâtements de matière, des papiers travaillés avec des représentations déjà établies auxquelles se mêlent couleurs, spray, encres... La couture de papiers apporte sur certaines toiles de l’épaisseur et du grain. L'équilibre des volumes se lie à celui des formes et des couleurs.

« De cette préparation il ressort toujours « quelque chose » qui sera le point de départ. Un élément va m’interpeller pour démarrer mon travail. Formes, lettres, chiffres, personnages se mettent en place ensuite la couleur arrive, puis une autre et tout se contrarie. »

 

Son intention souligne sa force libératrice, sa propre manière de révéler toutes les forces en présence, les tensions, les équilibres. D’ailleurs l’artiste travaille plusieurs toiles en même temps. Sous ces multiples conversions, elle donne du rythme, prône l’ouverture à l’expérience, à la curiosité pour que le tangible se fonde dans l'imaginaire.

 « La difficulté est de faire en sorte que les éléments réels le restent dans un univers décomposé (…) Je veux qu’ils aient un lien avec le reste de la composition. La couleur est un moyen, la répétition, la déformation en sont d’autres pour parvenir à un équilibre. »

 

Sans titre , acrylique sur toile , 100x100cm

 

Nikou se réapproprie la technique de l’accumulation pour échapper aux stéréotypes de lisibilité. Elle transforme le visible et fait surgir des éléments disparates, abstraits et porteurs de nouveaux sens. L’intuition d’un récit se confronte à l’énigme. L’artiste révèle ce qui est latent sous un degré d'abstraction qui lui appartient. Disparitions, apparitions, le réel se fragmente et se rejoue.

 

Dans une hiérarchie bousculée, traces et références narratives se battent en duel. Hachures, rayures, stries, côtoient les lignes de formes géométriques ; des cercles, des carrés, ou encore des croix qui s’effacent et ressurgissent. 

 « Ces signes sont porteurs de messages et c’est ce qui rationalise le chaos. Je les utilise car c’est la base de notre écriture avant l’écriture, je reviens au primitif ou à l’enfance. »

 

Nikou fait de la question du temps, du décalage temporel, son sujet. Ses empreintes originelles sont transposées et transformées sous une vision actuelle soutenue par les couleurs vives, éclatantes.

« Elles sont porteuses de spontanéité. Les représentations sont nettes (…) sans respect des proportions, ni des perspectives : là est leur force et leur délicatesse. »

 

Les gestes simples, épurés accompagnent par touches les espaces composites, d’une curiosité insatiable. Cette énergie primale est dotée d’une certaine force expressive. Chaque œuvre est un terrain nouveau, infini et unique.