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Isabelle De Luca, l’entrelacement intime du trait et de l’idée


Passionnée par le dessin et la peinture depuis l’âge de 10 ans, Isabelle De Luca étudie les Arts appliqués. Architecte d’intérieur, graphiste elle ne cesse de dessiner, peindre et fréquente les ateliers d’artistes et les Beaux-Arts à Paris.
Tout son univers, sa vie sentimentale, familiale, la nature, l’environnement entre le cri et le paisible, nourrit son désir de peindre et de dessiner.
L’artiste réalise des séries figuratives de portraits, de paysages et d’arbres. Son procédé est méthodiquement pensé. Elle prend d’abord en photos ses modèles, arbres ou personnages en leur laissant toute liberté et sans aucune directive de pose. Elle capte la lumière, les ombres, le mouvement, l’inconstance, le déroulement des choses. Elle laisse libre court à l’image et à la surprise picturale. Ensuite elle commence son travail à la peinture à l’huile ou dessine au crayon à papier et estompe à la gomme, à la craie ou à l’eau les traits qu’elle souhaite doux, légers, délicat, aériens.
« J’ai besoin de travailler les contrastes et les ombres. L’ombre est une surface de projection. Le contraste du fond blanc renforce l’effet graphique. »
Le blanc, les fonds clairs systématiques sont primordiaux et font partie de chaque dessin et peinture. Ce choix d’arrière plan permet que le sujet ressorte en lumière, qu’il flotte léger, dépouillé de son environnement avec juste son ombre projetée dans le vide.
 
Le cri : graphite sur papier - 65x50cm - 2013

« Le trait réaliste est assez nouveau chez moi, ou plutôt le respect des proportions exactes du corps ou de l’objet. Au départ mes travaux étaient plus oniriques, narratifs. Je démarrai mon travail avec modèle ou en partant de mon imaginaire. Mes sujets étaient souvent très représentatifs, mais avec une inexactitude ou plutôt des erreurs de proportions souvent volontaires accentuant la présence, l’intention. Je n’étais pas dans la représentation stricte. »
Isabelle De Luca explore le lien du dessin à l’événement. Autrement dit, la vie telle qu’elle se déploie devant elle ; avec ses rythmes, ses accidents et ses surprises.
« Lorsque je sillonne en voiture l’hiver, le bocage, les routes de campagne, je suis obsédée, fascinée par les arbres. Je deviens dangereuse. Mon regard est absorbé par ces silhouettes extrêmement vivantes ; les arbres d’hiver, dénudés, impudiques ne cachent rien. Ils ont des personnalités et des expressions folles, déhanchées, les bras en l’air, vers le bas, en couronne…  Masculins, féminins, ce sont des êtres en relation, en lien avec l’autre. Bien sûr on rencontre le solitaire qui souvent trône au milieu d’un champ. »

L'arbre : Fusain et graphite sur toile, vernis et lavis d'huile - 180x200m - 2011/2012

C’est à la naissance de son fils en 2005 que les portraits d’enfants se sont imposés. Comme les arbres, l’enfant est pour Isabelle De Luca tout aussi libre, naturel et vivant.
« C’est l’intention, le désir du sujet qui m’intéresse, son expression, son énergie, sa vitalité. Je souhaite reconstituer cette présence, cette existence par un dialogue poétique. »
Isabelle De Luca montre une réalité, son ressenti, son émerveillement face à ce monde de la nature et de l’enfance. Sa conviction fait que la figure, le tracé, la forme sont dépouillés jusqu’à la chair, jusqu’au tronc. Elle traite le corps comme un élément naturel et vice et versa. Ses dessins sont des images de l’instant. La dimension est physique et immédiate. La délicatesse de son trait prend racine sur le papier. La transparence induite par la technique du crayon, le jeu sur les nuances de gris, les cadrages originaux, donnent l’impression de volume.
Tensions, points de déséquilibres, détails percutants, grimaces… Les corps, les regards parlent d’eux-mêmes. L’artiste dans ses dessins prend le soin d’évacuer le plus possible tous les signes qui pourraient alimenter la dimension narrative. Elle persiste à donner sens à l’image, en l’isolant de son contexte initial. Elle capte le mouvement, l’expression aussi vite qu’ils apparaissent en se débarrassant de tout esthétisme, de tout ornement inutile. Les scènes n’ont pas d’unité de temps ni de lieux. Isabelle de Luca concentre le réel et décentre la question du repère. Ce réel vidé de son espace fait pourtant sens. Il impose une confrontation en prise directe avec le regardeur.
L’entrelacement intime du trait et de l’idée affine une présence pure et simple, un geste libre et créatif propre à l’artiste.


Exposition «  SECRÈTES ET SINGULIÈRES » du 17 au 29 juin 2014 
 Vernissage le Mercredi 18 juin

Isis Expo -  au  Viaduc des Arts -123 avenue Daumesnil, Paris 75012