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Articles

Affichage des articles du mai, 2011

Le coq et ses poules, exposition collective

Edouard Pignon, Combat de coqs, 1970 Sérigraphie réhaussée de pastels gras sur papier L’oiseau de France querelleur de toutes les couleurs annonce le panache de la programmation artistique de Béatrice Bellat. A travers un parcours initiatique construit autour du coq, l’exposition créée une liaison symbolique avec la basse-cour.  Depuis « La porte du poulailler » de Corinne Le Ponner jusqu’aux « volailleurs » d’Henry Espinouze, l’oiseau fier et séducteur accompagné de plusieurs poules se laisse admirer. Les œuvres ont d’abord été choisies pour le motif décoratif. Le magnifique « Coq d’or » de Claude Bleynie (signé Rey en verlan) au vocabulaire graphique, rayonne de tons jaunes et or sous une touche de gouache presque cubiste. L’artiste sacralise ici l’animal domestique en une créature dont la forme tend vers l’entité chimérique. L’imposant « Régal des oiseaux » du même artiste réalisé à la gouache sur carton de tapisserie est prêt à passer entre les mains du tapissier ; petit clin d’œ

Îcones convulsives, Carole Fournet

Les corps disloqués de Carole Fournet s’expriment sous une palette restreinte mais éclatante, aux tons jaunes, ocres, dorés. "CROK DANCE" -  250 x 200 - Technique mixte sur papier avec plâtre, cirage, gouache, pastel, huile L’artiste qui porte elle-même les boucles d’or, affectionne la primaire de la lumière. Après dix années passées auprès du peintre florentin Salvatore Gurrieri, elle acquiert la méthode du Quattrocento italien. La manipulation des pigments comme la maîtrise du dessin la propulse aujourd’hui loin des canons esthétiques de la renaissance italienne aux tons cassés et subtiles liant beauté, harmonie et idéal. Telles des icônes rayonnantes d’un autre temps, les corps de Carole Fournet sont des corps-icônes contemporaines enveloppées d’une dorure ornée. Sans nier le procédé décoratif, l’artiste attribue autour de ses corps désarticulés, des formes douces ; éléments formels, floraux, sinueux, en spirale. Comme ces volutes omniprésentes chez Klimt, les ornem

Corps blanc, Jérôme Mesnager

Libre de corps et d’esprit, il suit avec humilité son petit bonhomme de chemin depuis bientôt 30 ans. Le corps blanc figuratif en acrylique monochromatique de Jérôme Mesnager se remarque sans jamais dénoter. Entre toiles et palissades, sur les murs de Paris jusqu’à la muraille de Chine, en passant par le Mali, les Etats-Unis ou son île de Ré préservée, sa grâce immobile avance et grandit. Comme une discrétion célèbre qui aurait ... systématiquement son impact « c’est plus un fantôme, un geste, un mouvement, un sous-entendu, une parole silencieuse » pour l’artiste. Pourtant, sur ces créations choisies, les mots sont écrits. Le corps blanc veut peut-être parler plus fort en témoignant un message rédigé sur plaques émaillées. Issus de la récup, ces panneaux publicitaires ou de signalisation d’un autre temps réveillent un cri passé mais vintage. Historique, il restitue à travers la plaque de la rue « Georges Futekov » la mémoire d’un empire soviétique en déclin. Social, il délimite la zo

Beginnings, Rodolphe Bouquillard

Minimal, ultra dépouillé, le langage géométrique sériel de Rodolphe Bouquillard a un poids. Comme un « art qui exclut le superflu, » les formes simples et élémentaires telles que la ligne, le carré, le triangle ou encore le losange, son parallélogramme fétiche, apparaissent au service de la plus lumineuse des perceptions subjectives ; la couleur. Sa palette réduite se compose de jaunes, de rouges ou encore d’un bleu vif, celui d...e Klein qu’il reproduit avec une similitude frappante. C’est la couleur qui prime, comme source infinie d’énergie et de vie pour donner naissance (« beginning »)aux formes. Répétées et optiques, ses figures aux lignes exemplaires naissent comme suspendues sous l’huile, la gouache ou l’acrylique. La matière est multiple mais tend vers un résultat unique : tisser des liens entre les couleurs et les formes vers un équilibre arithmétique confondant. Comme Lucio Fontana, Rodolphe Bouquillard intègre le châssis dans l’œuvre. Il incise et rétracte sa toile pour cr

Crushing, Vladimir Tchekhoff

« Délice d'hélice, c'est fini la peinture ! Qui ferait mieux que cette hélice... » avouait Marcel Duchamp à Constantin Brancusi lors d'une visite d'un salon d'aviation en 1912. Les deux artistes avaient déjà saisi le potentiel artistique et miraculeux de la machine. Symbole d'émancipation, arrachant l'homme aux forces de la gr...avitation, la machine volante est pour Vladimir Tchekhoff un moyen de réaliser une conquête de l'air sur toile. Il utilise l’hélice comme une nouvelle main, déployant sa propre technique ; l’ « héliaspersion. » Via un petit hélicoptère télécommandé, il asperge d'acrylique ses toiles étendues au sol. Comme une pluie de la fin des temps ordonnée d’un geste sacré(ment) avisé, de fines gouttelettes artificielles retombent sur le support. Ce dripping d’un genre nouveau fait sens. L’aléatoire de la machine guidée par la main de l’artiste crée la précision. Très vite, les couleurs se phagocytent et révèlent leurs variations divines

Lucian Freud, bye bye le maître de la chair et l'obscène

Décédé ce mercredi 21 juillet 2011 à l'âge de 88 ans à son domicile de Londres, Lucian Freud demeure une figure vivante de la peinture contemporaine et un grand maître du réalisme cru. L’atelier psychanalytique ? L’exposition 2010 présentée au centre Pompidou et composée d’une cinquantaine de peintures mais aussi de photos et d'un film, mettait en lumière une technique très identifiable qui lui collait à la peau depuis près d'un quart de siècle. Pour cette exposition, ses oeuvres étaient organisées autour du thème de l’atelier. Lieu de création presque unique, sanctuaire réputé, l’atelier ou plus précisément les ateliers de Lucian Feud étaient des endroits ouverts où l’on se rencontrait. Son monde à lui, là où il était le seul maître en son royaume. Regarder ses toiles c’est pénétrer dans son antre, son intimité mais en restant sur le pas de la porte. Comme une distance ou une retenue « so british », on ne s’introduit pas véritablement dans l’existence de son âme humai

Les femmes de Caroline M

Lou 120 X 80      120 x 80                                                         80 x 60 Objets de convoitise, représentations impalpables absolues de désir, les femmes de Caroline Moisan semblent n’avoir qu’un seul souci, celui de plaire. Elles apparaissent, figuratives, sur bois contreplaqué traité ou carton huilé sous les traits acryliques d'un contour visible qui ne se divise pas. Pa ... r sa palette restreinte qui fait la part belle aux tonalités noires et blanches ou au bleu Nuit, ses silhouettes détachent le charnel et se construisent par aplats parfois délicatement envahis d’ornements floraux, toujours autour d'un regard perçant et sexualisant. "Quand je connaîtrai ton âme, je peindrai tes yeux." Si Modigliani aveuglait ses modèles par crainte de ne pas atteindre la vérité du regard, Caroline Moisan le choisit comme élément central. Elle commence toujours par peindre les yeux, attestant dès le départ d'une présence signifiée. L’attraction