Minimal, ultra dépouillé, le langage géométrique sériel de Rodolphe Bouquillard a un poids. Comme un « art qui exclut le superflu, » les formes simples et élémentaires telles que la ligne, le carré, le triangle ou encore le losange, son parallélogramme fétiche, apparaissent au service de la plus lumineuse des perceptions subjectives ; la couleur. Sa palette réduite se compose de jaunes, de rouges ou encore d’un bleu vif, celui d...e Klein qu’il reproduit avec une similitude frappante. C’est la couleur qui prime, comme source infinie d’énergie et de vie pour donner naissance (« beginning »)aux formes. Répétées et optiques, ses figures aux lignes exemplaires naissent comme suspendues sous l’huile, la gouache ou l’acrylique. La matière est multiple mais tend vers un résultat unique : tisser des liens entre les couleurs et les formes vers un équilibre arithmétique confondant. Comme Lucio Fontana, Rodolphe Bouquillard intègre le châssis dans l’œuvre. Il incise et rétracte sa toile pour créer le pli ; relief maîtrisé où les frontières chromatiques se fondent les unes dans les autres. Ce procédé offre selon lui « une précision naturelle et donc parfaite des contours des formes. Même si les formes apparemment géométriques ne le sont pas réellement car les traits tracés ne sont pas droits mais courbés, ils dévoilent une perfection spontanée de la forme en train de naître, amplifiée par le pliage qui entraîne un bombage de la toile sous un relief voluptueux. Le collage des extrémités de la toile, alors tendue, conserve une tension de nature proprement physique.» Propulsée dans une troisième dimension construite, ses œuvres exploitent la peinture comme élément architectural. L’originalité de l’angle de vue nous promène vers un jeu d’ombres et de lumières sans fin. Entre spatialisme et suprématisme, vers l’abstraction géométrique, l’artiste joue de la dépersonnalisation du geste avec des aplats aux finitions irréprochables. L’expérience directe de la couleur pure et de son application uniforme nous procure un sentiment de sérénité. Comme une dévotion à la pureté formelle. On pense au langage graphique de Mondrian, aux monochromes de Malévitch et de Robert Ryman, ou encore aux nuanciers géométriques d’Ellsworth Kelly. Cette primauté spectaculaire accordée à la couleur fait sans aucun doute de Rodolphe Bouquillard un nouvel et remarquable explorateur du champ coloré.
Rodolphe Bouquillard est né le 23 Mai 1992 à Paris.