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Articles

Affichage des articles du septembre, 2013

Flo, l’effluve

Beauté défigurée, Flo est la muse d’une tragédie humaine où Eros et Thanatos affluent jusqu’à sang. Alain Gegout a ce génie de la dématérialisation de la forme humaine. Maître des angles, de la courbe et du rythme, il dissèque, brise et accentue avant de restructurer, revendiquant un objectif « défiguratif. » L’intention est de défigurer sans détruire, éliminer ce qui est trop esthétique sans représenter le corps dans son idéal de perfection. A l’aide de cartes à puce, de spatules, chiffons et pinceaux, il compose à l’acrylique. Le sable, la cendre et le papier viennent chahuter la planéité pour créer un relief où les strates se succèdent. Il recouvre, maroufle jusqu’à la trace ultime. «  Mon travail c’est comme un palimpseste qui ne préserve pas les couches. Je passe autant de temps à ajouter et à enlever, en juxtaposant,   lavant, vaporisant ou grattant.  » L’élaboration d’une œuvre d’Alain Gegout peut s’échelonner sur plusieurs a

Emmanuel Pinchon, géométrie variable

Emmanuel Pinchon a recours aux composantes essentielles ; la couleur,   le volume et la composition. Une admirable mécanique qui joue de la forme et de l’espace pour nous transporter vers une autre dimension. Melody II, acrylique sur toile, châssis bois, composé de 6 toiles de taille 40 X 40 cm   Cuisinier de métier, il peint au pinceau, à l’acrylique qu’il renforce avec de la farine pour obtenir du volume. Le relief est une dominante. Il dégage la représentation figurative et compose en se basant sur l'abstraction géométrique, les couleurs primaires et le mouvement dynamique. Il multiplie, fractionne et décontextualise. Ses formes généralement bidimensionnelles, pures, dégagées de toute signification symbolique évoquent le constructivisme russe, l'expérience de la Bauhaus, le néoplasticisme de Piet Mondrian et le suprématisme de Kazimir Malevich . Le carré et le cercle sont ses éléments récurrents : «  Le cercle revient souvent d

Steeves James Brown, l’oeuvre caméléon

Lesbian kiss, 2012, huile et acrylique fluorescent sur toile, 100 x 100 cm La peinture lumineuse de Steeves James Brown cultive l’art de la double visibilité et de la surprise visuelle.  Lesbian kiss, 2012, huile et acrylique fluorescent sur toile, 100 x 100 cm   Steeves James Brown mêle ce qui ne devrait pas se rencontrer ; l’expressionnisme et l’abstrait. Les deux “tendances” se développent selon deux voies complémentaires. L’une instantanée, saisissante se situe au centre ; c’est une figure, généralement sensuelle, réalisée au pinceau. Elle procure une dimension physique, immédiate. L’autre est plus mentale, plus lente ; c’est un halo progressif exécuté au couteau qui se déconstruit par touches successives. La figure englobée par les volutes diffuses laisse place à ce qui l’entoure. L’artiste prend soin d’évacuer le signe pour alimenter la dimension abstraite. Comme une fuite hors du réel, l’image incarnée se dissout. Sa déconstruction spontanée et

Stéphane Barboiron, le sens amusé

  Une main, une bouche, un pied, une oreille en suspend… Un étrange équilibre des sens qui ne tient qu’à un fil. Les sculptures de Stéphane Barboiron naissent sous une poésie solide. Un étonnant jeu de matières nobles et naturelles liant la pierre, symbole de la terre avec le fer, symbole du feu. L’artiste explore le potentiel des éléments et leur basculement. Sous des torsions et contorsions plus ou moins accentuées, les courbes sinueuses des corps se dessinent. Aucun croquis n’est réalisé au préalable, les volumes et les proportions naissent lors de la création physique. Le blanc de la pierre se confronte au gris du fer, alternant les pleins et les vides. « Le contraste des matières et des couleurs entre dans le processus symbolique, il me permet d’élever la masse de la pierre en lui donnant de la légèreté, de pouvoir jouer avec l’équilibre » affirme l’artiste. Ancrée sur un socle en équilibre, la méthode illusionniste souligne un jeu de contrepoids permettant aux sc

Didier Avril calque l'hypermonde

Délibérément discursive, la production de Didier Avril constitue une critique sagace du monde et de sa structuration au sein de l’entreprise. A la fois artiste et manager, son geste créatif témoigne d’un lien fort entre l’art et l’entreprise. Didier Avril s’empare d’abord d’un objet, le paper board de salles de réunions avant de le mettre en forme.   «  Il y a dans le paper board une énergie, un lâcher prise intéressant. Les gens ne font pas attention à ce qu’ils écrivent, ils ne se surveillent pas. Ce sont des gestes pleins d’énergie avec des schémas totalement délirants. Quand je regarde le paper board c’est pour moi comme un tableau d’art brut.  »  Didier Avril libère le paper board de son châssis. La feuille écrite, griffonnée, raturée est reproduite généralement en 8 images identiques de 1m50   x 1 m puis assemblée par superposition de calques, sans débordement. Ces collages d’un genre nouveau, réalisés dans l’épaisseur sous Photoshop, sont reproduis sans retou