Une main, une bouche, un pied, une oreille en suspend… Un étrange équilibre des sens qui ne tient qu’à un fil.
Les sculptures de Stéphane Barboiron naissent sous une poésie solide. Un étonnant jeu de matières nobles et naturelles liant la pierre, symbole de la terre avec le fer, symbole du feu. L’artiste explore le potentiel des éléments et leur basculement. Sous des torsions et contorsions plus ou moins accentuées, les courbes sinueuses des corps se dessinent. Aucun croquis n’est réalisé au préalable, les volumes et les proportions naissent lors de la création physique. Le blanc de la pierre se confronte au gris du fer, alternant les pleins et les vides. « Le contraste des matières et des couleurs entre dans le processus symbolique, il me permet d’élever la masse de la pierre en lui donnant de la légèreté, de pouvoir jouer avec l’équilibre » affirme l’artiste. Ancrée sur un socle en équilibre, la méthode illusionniste souligne un jeu de contrepoids permettant aux sculptures de défier la gravité. Cette performance de la forme dans l’espace s’installe à la lisière de l’explicite et de son contraire, entre visibilité et transparence. Le glissement des lignes entraine la dissolution de la figure qui demeure figurative. Les corps tirent leur assurance de postures observées. « Mon inspiration vient des gents, j’observe et le conscient comme l’inconscient font le reste. »
Confidence, 2009
Ces mouvements intimes s’adressent à chacun, dans une sorte de dialogue secret où il faut tendre l’oreille. Chuchotées par une bouche entrouverte, ces respirations mutiques du réel surprennent, font sourire même, en préservant l’espace imaginaire de chacun. L’inflexion burlesque, frôle le surréalisme, génère la surprise et l’élasticité du concept. Stéphane Barboiron sort du champ en recyclant les formes, absorbant les éléments qui ne sont pas censés s’y trouver. Son travail s’affirme sur un principe de matérialité concrète, maitrisée. L’utilisation de matériaux bruts engendre des sculptures porteuses d’une charge symbolique. La pratique de l’espace organise une tension, certes, mais une tension narrative amusée qui apporte aux compositions une ambivalence plus profonde. « Mes sculptures ont une apparence plutôt douce, mais il faut y voir aussi une colère, une espérance de changement de mentalité de l’humanité. C’est très utopique mais je crois en l’homme et en sa bonté. La sculpture est un moyen de mettre à nu mon regard et d’analyser ma vision d’humaniste » conclue l’artiste.
A l’occasion des journées du patrimoine, Stéphane Boiron, membre du
collectif
Lé Z’arts exposés, participe à l’exposition d’art à la Ferme Auberge
des Massinots
à Saint-Germain le Vasson les 13, 14 et 15 septembre 2013.