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Véronique Barbier, peindre : l’acte pulsionnel


Soleil couchant, acrylique, pastels gras et paillettes sur toile
« Peindre sans mentaliser suscite une liberté totale d’exécution. Mon inspiration vient du ventre, elle est très pulsionnelle. » Peintre, psychanalyste et art thérapeute, elle travaille les arts plastiques, l’écriture et les livres d’artistes. Portée par ses maîtres, elle apprend à maîtriser puis défaire l’approche académique de l’art.

Ne pas forcer, savoir lâcher prise, laisser couler, déchirer, creuser et même se laisser aller au gré des circonstances, la délivre des contraintes matérielles. Sa technique mixte la propulse vers un procédé de peindre complexe qui effectue des allers-retours incessants entre l’aquarelle, l’acrylique, l’huile, le pastel sec, gras, le fusain, sur toile, carton, papier… Autant de techniques auxquelles elle peut ajouter su sable, du sel, du gesso, des paillettes. L’atmosphère servie fait appel à de nombreux registres. La matière picturale est tantôt épaisse ou lisse, mate ou brillante, lumineuse ou assombrie. Cette quête perpétuelle de matériaux et de supports lui permet de préserver une créativité en effusion afin d’extraire l’inattendu. « J’ai confiance en ce qui advient. »

Les toiles se structurent comme une image mentale. « La psychanalyse amène à construire, structurer sa pensée, rebondir avec l’implicite. »
Sa démarche est spirituelle, céleste. Véronique Barbier aime peindre la nature et recueillir des changements d’états qui se logent dans l’environnement. Les quatre éléments alchimiques ; la terre, l’air, l’eau et le feu rejoignent le cinquième ; celui de l’imaginaire.

La gestuelle fluide guide un mouvement ascendant vers le ciel. Les paysages se mêlent aux astres, le soleil donne rendez-vous à la lune. Envisagé comme processus de métamorphose, la conversion du réel est progressive ou parfois immédiate.
« L’abstraction n’existe pas, cela dépend de la façon dont on regarde la nature. » 
L’énergie des traits accompagne par touches un espace composite d’une curiosité insatiable où les mouvements demeurent constitutifs de la vie, de l’évolution naturelle.

L’artiste fige des hallucinations de pureté mystique. Ses voyages en Birmanie et en Inde lui ont permis de traverser des lieux animistes qui demeurent une source d’inspiration. Feuilles d’or et poudre à paillettes relèvent les tonalités d’une palette souvent travaillée autour de mono et duo-chromes où le bleu reste caractéristique.
« J’aime transformer les bleus de l’âme en histoires d’art. »

Ses travaux existent autant par le défaire que par le faire. Au-delà de l’acte pulsionnel de peindre et de sa liberté chèrement acquise, Véronique Barbier aime donner du sens, défendre le partis pris et transmettre. Elle nous rappelle volontiers que le premier lieu d’investigation se situe dans notre indécise conscience, la même où l’interprétation n’est pas nécessaire à la compréhension. Nous nous réapproprions ses œuvres en les laissant devenir une fraction de doux échafaudages narratifs, un morceau de rêve.