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Jean-Marc Pouletaut, encres de Chine, abstraction gestuelle

Calligraphie 65x50 cm

 

 

Sans jamais se livrer définitivement, les lignes de ses calligraphies se multiplient sur la surface du papier tel un dialecte sans codes, chorégraphié entre l’illusion et le réel. 

 

Jean-Marc Pouletaut installe la création dans l’instantanéité. Son mode de production attribue une double fonction de contrôle et de hasard, entre la précision et le lâcher prise. Il rapproche ces deux intentions pour créer une nouvelle potentialité. C’est dans cette coexistence harmonieuse, qu’il trouve la source de sa créativité. De sillons en traces, comme une fulgurance, il dessine sa propre voie, laissant s’échapper une énergie libérée mais toujours maîtrisée.

 

L’artiste peint de façon spontanée avec un seul gros pinceau pointu « petit gris » avec  réservoir d’encres qui lui permet de travailler de petits, moyens et grands formats. Le point de départ est la reproduction des empreintes de ses cinq doigts de la main à la peinture  noire sur tissu. Ces marques répétées laisseront jaillir des formes originelles s’apparentant à des calligraphies. Les mouvements s’épousent, se perdent et se confrontent sous une complémentarité des formes. Les contorsions lui sont propres et sa graphie ne semble jamais définitivement figée.

 

« Pour qu’il y ait une source de créativité, un modèle est nécessaire. La création naît à force de copier et répéter le modèle. C’est une bascule vers l’interprétation personnelle, de l’extérieur vers l’intérieur. »

Sur papier de 224 g au format 50 x 65 cm, avec une parité horizontale et verticale, ou sur de grands formats de 1,50 x 5 m, le résultat n’est jamais le même. Avec une œuvre actuellement constituée de plus de 3 000 calligraphies de format A4, Jean-Marc Pouletaut confirme son hyperactivité et sa recherche infatigable. Du tracé le plus fin au geste le plus ample, la composition demeure son point fort. Elle se fonde sur ce procédé de répétitions qui provoque systématiquement la différence.

 

De cette mécanique gestuelle, naît avec délicatesse une écriture hybride. Inutile de chercher le signe, sa signification ou tout autre vérité annexée. L’élan intérieur du peintre est capable de provoquer une émotion par les lignes, les courbes, les formes en laissant un espace de liberté quant à l’interprétation que chacun choisira de privilégier. Ses œuvres sont autonomes, dérivées de sens pour acquérir leur propre dimension. Elles nous réconfortent quant au mystère de la préhension du champ visuel où le noir prime. « J’adore le noir, je reste très influencé par Pierre Soulages. »

 

Grâce à sa formation sur l’art de la philosophie et la philosophie de l’art à la faculté de Lettres de Nice ainsi qu’aux Beaux-arts de la villa d’Arson durant les années 80, l’artiste cultive un art total. Ses travaux conjuguent l’harmonie des contraires ; le visible et l’invisible, la présence et l’absence.  Artiste devenu non voyant, Jean-Marc Pouletaut s’affirme avec cette série comme artiste zen. Ses œuvres d’abstraction gestuelle sont autant d’épisodes conduisant plus loin, entraînant mémoire et expérience.