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Jaja, témoin social digital

Jaja est une artiste curieuse et engagée qui aime observer son quotidien. Elle témoigne des petits miracles de la rue mais aussi de l’injustice et de la précarité sociale.


Tout confort, art digital (photo numérique, imprimée sur papier photo d'art, placé entre 2 plaques de plexis, (qualité musée -resistance UV) sans colle (procédé Diasec, breveté, garanti 100 ans.) Diamètre 90 cm - 2013 - 1/1

« La cour des miracles existe toujours dans les pays dits riches, civilisés, démocratiques. La misère semble même progresser. Est-ce une fatalité ? Il est important  pour moi en tant qu’artiste de ne pas faire que de la déco, témoigner de ce que je vois, ce qui me touche ou m'interpelle. C’est ma façon de défendre mes opinions et d'agir en tant qu'être humain, sensible, sans parti politique. » 
Jaja pratique l’art digital. Elle mixe la photographie et le dessin, deux supports réalisés par ses soins. La photographie est prise au hasard de ses déambulations, elle est numérique ou en lomographie. Elle ajoute ensuite son dessin, numérise le tout, intervient sur la couleur, intègre quelques éléments visuels (comme des panneaux de signalétique) avant d’imprimer le support sur papier photo papier d’art pour l’insérer ensuite entre deux couches de Plexiglass, sans colle (procédé Diasec.)
La construction est minutieusement réglée sous l’effet de cadrage, de découpe, de superposition.
Jaja emprunte une structure narrative bien à elle. Elle s’échappe de la narration pour intervenir sur le réel. Ses images entrechoquent réalité, fiction et différents niveaux de récit. Entre hommage, appropriation et dénonciation, ses œuvres sont les effets stylistiques d’un langage artistique sans cesse réinventé. Un jeu de construction sémiotique où les éléments plastiques sont emboîtés sans être dénués de poésie. Les jeux de codes ne vont d’ailleurs pas à l’encontre de l’onirisme qui se dégage sous une certaine délicatesse.  La palette est douce ; un équilibre pesé où la lumière et la couleur se fondent avec harmonie. Elle nous engage à la fois sur la perception de l’image et sur la personnification de la scène.
Si la photographie est placée au cœur de sa pratique, c’est pour mieux révéler les protocoles du regard.
« Vive ou douce, la couleur joue un rôle visuel, celui de séduire le regard. Je veux interpeller sans heurter pour ne pas détourner le regard du spectateur. Je veux le contraindre, le prendre dans le filet d'une douce ambiance colorée, pour qu'un regard bienveillant se pose sur les Invisibles. »
La série Invisibles fait exister des vies oubliées. L’injustice est énorme et pourtant invisible. Jaja tisse une correspondance entre la vie dans la rue et l’illusion. La réalité tangible flirte avec le surréalisme, réinvente un présent décalé. La tension visuelle est dramatique et drolatique à la fois.
L’artiste s’infiltre, se trouve là où chacun passe mais ne voit rien. L’errance est pour elle un véritable outil stratégique de guérilla humaniste. Elle construit une poétique qui nous aide à lier raisonnement, réalité et fiction.
Ses travaux référentiels, témoins de notre temps, sont une revendication de liberté, une sorte de salut social par l’imaginaire, émouvant et concerné.