Fugitives et évanescentes, les images de Richard Schlang sont des images hallucinées. Fantasmées, fulgurantes et imprévisibles elles nous transportent au-delà du réel et brouillent les pistes avec le soucis du détail. La signalétique d'une ville anonyme s’appose à la luxuriance d’une nature exotique, au glamour d’un corps aux courbes parfaites. Pauses recherchées, cadrages sophistiqués, éclairages complexes, Richard Schlang utilise les codes esthétiques de la mode et de la publicité pour faire image. La délimitation d’un plan, la frontalité et la constitution d’un objet autonome dans l’assemblage pourraient se rapprocher de la mise en scène des photos tableaux de Jeff Wall mais Richard Schlang y ajoute quelques autres inspirations. Il évoque les scènes de vie quotidienne naturalistes américaines du peintre Edward Hooper, Les polaroïds Pop Art de David Hockney ou encore le cinéma contemplatif et interrogatif de Wim Wenders. Sans se livrer à la démarche pourvoyeuse du plaisir de l’œil, le regard se porte vers la minutie des décors et la vacuité des personnages comme figés dans un moment de léthargie. Reconstruites dans leur réel, ses images évoquent le début d’une histoire, une anecdote intime ou énigmatique, remémorée, comme passée au filtre de notre mémoire. « La vie est une série de souvenirs qui s’estompent laissant place à des émotions que nous archivons dans notre mémoire sous forme de détails » affirme l’artiste. Les images s’échappent d’elles-mêmes et nous échappent à tout instant comme pour constituer une réalité à partir d’un rêve. Elles transcendent l’espace-temps dans lequel elles ont été conçues. La manipulation de leur composition offre de signes invisibles, un hors champ subtil mais directement connecté aux sens. La photo comme « particulier absolu » définit par Roland Barthes prend ici une dimension onirique et sensuelle qui préserve tout son mystère.
Diplômé de l’école nationale des Beaux-Arts de Lyon, il vit et travaille à Paris.
