Carole Fournet nous transporte
vers un nouveau paradis.
Des
ovipares ailés aux becs cornés dansent sous une constellation de paillettes. Un
carnaval de forme inconsciente, théâtre de marionnettes bestiaires d’une grâce
innocente où les anges-oiseaux sont les gardiens d’un paradis perdu. Carole Fournet procède par
touches successives. De l’encre, de l’huile, du cirage, des pastels, des dorures, des
paillettes. La technique mixte étend les oiseaux fantastiques sur grands
formats pour composer des diptyques ou des triptyques. La composition et le
trait sont guidés par une logique organique de déploiement.
Un travail soutenu où le détail
a son importance. La planéité de la toile est chahutée par l’ornement
étincelant ; la paillette enchâsse l’iris pour recevoir la lumière. « C’est un
don direct et pétillant que j’avais envie de donner au spectateur, à l’image
d’une vie légère et gaie, loin du monde actuel et de ses atrocités. Je prends
le contre–pied avec cette envie de lumière que je distribue partout sur mes
toiles » souligne l’artiste. Cette mise en relation avec le
spectateur donne à voir et à ressentir avec intensité.
L’abondance des tons jaunes renforce l’idée de luminosité. Cet éclat immédiat n’a rien de tapageur. Il s’agit de faire sens plus que sensation. Les anges sont bel et bien annonciateurs d’une nouvelle ère pour l’artiste. « Je sors aujourd’hui de mon monde d’os et de corps disloqués pour entrer dans une phase beaucoup plus légère comme un retour vers mon enfance. Un monde artificiel, de paillettes, de lumière, de fête et d’insouciance. »
La peinture de Carole Fournet est joyeuse mais énigmatique. Ses oiseaux de paradis jouent la naïveté pour susciter l’étrangeté. Figures spectrales, créatures majestueuses aux variations colorées, rouges, vertes, bleues, elles insufflent une aura mystérieuse et mythologique sous une identité féminine. Oiseaux de feu, phénix revisités battant de l’aile pour attiser la flamme. Leur fusion idyllique les conduira au pays des immortels. Genèse et renaissance de l’évolution d’un cosmos où les anges sont aussi planètes. Les astres brillants, divinités supra-naturelles de l’infiniment grand.