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Et si l’art servait à matérialiser l’infiniment petit ?


Sans titre 1 : Mariage des particules, acrylique fond noir, 2012, 80 x 80 cm
A la croisée de la science et de l’art, les travaux de Servent-Ermes émanent d’une recherche rationnelle sur l’univers où la particule devient l’élément formel.

Servant-Ermes travaille l’expression du monde en introduisant de manière visible l’invisible, un art qu’il baptise « quantique » pour étudier l’énigme de nos origines. « C’est la matérialisation de ce que nous ne pouvons pas voir à l’œil nu ou avec aucun appareil. Un lieu où les particules et les ondes dansent en interaction » affirme l’artiste. Son travail repose sur la suggestion de l’existence d’une particule antagoniste qui formerait la masse noire, laquelle par résonance, offrirait sans big-bang d’autres particules dont la lumière, l’énergie, la matière. Puis une  particule mémoire, empreinte de l’espace temps viendrait s’ajouter.


Sans titre 2 : Mariage des particules, acrylique fond bleu, 2012, 60 x 60 cm
L’univers mental

De l’infiniment grand à l’infiniment petit, de l’entité absolue à la perception de l’intime, Servant-Ermes transpose la conscience de l’humanité vers le cortex cérébral car c’est aussi le cerveau, source de créativité qui le passionne. « Pour comprendre le fonctionnement des neurones, je travaille sur un nouvel ouvrage sur la théorie du pommier qui consiste à comparer la vie de cet arbre à celle d’un neurone afin d’étudier l’idée inventive. » Une transcription de la vie psychique où l’étude de la créativité agirait sur la longévité.
Servant-Ermes explore l’espace de ce qui relie et ce qui sépare. Les heurts du cosmos comme du monde intérieur co-existent sur ses toiles. Ce va-et-vient questionne sur l’idée de la source créatrice.

Des moyens minimaux pour une charge maximale

Entre le pinceau et la toile, il donne le ton par procédé de dripping. Une pratique automatique où l’aléatoire a une place pondérée. « Je projette directement avec mon pinceau mais le vent, le bras, la vitesse du geste jouent.  Il y a un certain nombre de circonstances qui font que les peintures vont s’enchevêtrer mais il  n’y a pas de hasard. C’est l’ensemble qui déterminera la forme du trait. Je ne cherche pas le calcul. Je laisse faire la nature. »
Son geste plus ou moins ordonnancé, évoque l’instabilité de l’univers. Il laisse place à l’accident, sans maîtrise de la forme finale. La matière vit sa vie.

Sans titre 3 : Mariage des particules, acrylique fond rose, 2012, 60 x 60 cm
Figurer l’abstrait

D’une forte présence spatiale, ses compositions en acrylique font naître les particules sous forme de gouttes et les ondes sous forme de lignes. Ces filaments visibles s’attachent à un réseau complexe et lumineux. La représentation est rythmée et nerveuse ; une véritable combinaison extatique où la couleur domine. La particule mémoire est représentée par le blanc. Le noir évoque la masse noire, le bleu l’électron, le rouge l’attraction du positron et le jaune le photon. L’union du bleu et du rouge ; le violet peut s’ajouter pour marquer la particule antimatière. Les cinq particules essentielles à la construction de la matière et de la vie sont signifiées par les cinq primaires qui se phagocytent, formant un chaos visuel qui ne manque pas d’harmonie. Les masses font trace et se confondent, engendrant un modèle en expansion. Un poudroiement dématérialisé au-delà de la recherche de la matière que Servant-Ermes composait auparavant avec les graines de tournesols ou les pépins de raisin. Ce glissement du volume vers la planéité est un nouvel engendrement pour l’artiste.
 « L’art quantique c’est de l’art figuratif que l’on ne peut pas apercevoir. Créer une peinture sans relief me permet de me situer plus dans l’abstrait et aussi plus dans la réalité. » 


Sans titre 4 : Mariage des particules, carré, acrylique, 2012, 20 x 20 cm

Ces effets d’éclatements plus ou moins fluides témoignent d’une nouvelle approche systémique de l’art. Servant-Ermes ébranle juste ce qu’il faut pour rendre plus palpable l’organisation réglée ou chaotique de ce qui nous compose. Son style délié et extensible revisite avec sens l’expressionisme abstrait. Une expérience artistique universelle et transmissible, d’une force vitale utlra-contemporaine.