Comme un cataclysme émotionnel initié par la puissance
de la couleur, la peinture de Jean-louis Gaillard réjouit.
Le trait est propulsé
par le couteau et la spatule. Des aplats libres, plus ou moins géométriques et rectangulaires
se confondent sous l’huile et l’acrylique pour donner naissance à une œuvre
d’abstraction lyrique sur grand format.
C’est l’eau et ses
flux qui se trouvent au cœur de cette dernière série.
« Je cherche d’abord à reproduire les reflets
de l’eau. L’eau des zones urbaines comme celle de la pleine nature. Avec le
reflet d’un building ou d’un arbre, Je dérive jusqu’à trouver l’équilibre
harmonieux. L’abstrait est une évolution logique et instinctive. Je
voulais m’éloigner des techniques figuratives du dessin. J’y suis arrivé petit
à petit en épurant » confie l’artiste.
Couleurs d'espoir, 2011, acrylique sur toile , 100 x 100 cm |
Noyé entre le contrôle
et l’aléatoire, le mouvement est généralement linéaire, parfois horizontal,
absorbant un horizon indéfini, parfois vertical sous les ondées d’une pluie hors
du temps.
Jean-louis Gaillard
nous transporte aux confins d’une synesthésie aux correspondances
sensibles. Un réseau de lignes qui
détermine un ensemble aux accents cadrés, organisés. On pense aux images
quadrillées de Paul Klee qui permettaient « d’extraire des moments
troubles de la perception, qui seule détermine la relativité des choses
extérieures, une idée abstraite de l’objet qui puisse s’exprimer par une
représentation globale. » *
Piments de vie, 2012, acrylique sur toile, 100 x 100 cm |
Les fragments au
caractère sériel construisent la dimension spatiale de la toile. A la lisière de l’explicite et de l’opacité,
entre apparition et disparition, la forme, jamais figée est au service de la
couleur, vive et enchantée.
Le choix de la
palette, l’utilisation des contrastes confère une force expressive. Spontanée et immédiate, l’émotion naît sans
questionnement.
L’artiste était
médecin généraliste avant de se consacrer à la peinture. Sa prescription reste
lisible sur toile.
« L’art est thérapeutique pour le spectateur
comme pur le peintre. C’est un moyen d’exprimer ma joie de vivre et ma
sérénité. J’ai toujours peint dans mes plus grands moments d’enthousiasme et
jamais quand j’allais mal » poursuit-il. Curateur du champ coloré, Jean-louis Gaillard nous
soulage. Son art est un merveilleux antalgique qui fait du bien.
* Christian Geelhaar,
Paul Klee et le Bauhaus, éditions Ides et Calendes, Neuchâtel 1972.