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Laurence Lamandais, visions sous le filtre de l’émotion


La peinture abstraite de Laurence Lamandais ouvre des espaces imaginaires étonnants,  à la recherche de l’harmonie et du ressenti.

Sans titre, huile sur toile, 50 x 100 cm


Gouvernés par la grâce et le contraste, les traits, émanations pures de son esprit, appellent à l’émerveillement. Ils invoquent la puissance du rêve ; ce rêve qui donne les clés de l’inconscient. L’image onirique multiplie les niveaux de lecture. L’esthétique est conçue sur le plaisir antagoniste provoqué par sa vision du grandiose et du terrible.  Ce chaos esthétique représente le sublime d’un paradis retrouvé comme l’orage d’un ciel en colère, destruction naturelle et apocalyptique. Le tragique se dispute à l’allégresse, le rêve au cauchemar. Cette tension entre attirance et effroi revendique une aspiration au spirituel et un droit à l’imaginaire à travers l’exploration des territoires. Essentiels et présents à l’origine,  ces puissants déchainements d’éléments, véritables incidents en relief, chahutent la planéité de la toile et se laissent dicter par son geste aléatoire. « Rien n’est calculé. Ma technique est naturelle, instinctive. C’est comme une écriture, une danse qui s’impose. Le choix des mouvements et des couleurs naît comme une évidence. Mon travail est brut, sans retenue “ précise l’artiste.

Sans titre, 2012, huile sur toile, 120 x 40 cm

Libérée de tout contrôle de la raison, sa fertilité picturale convoque la toute puissance du sentiment. L’artiste cherche à sonder les profondeurs de l’âme et à exalter les sens. Elle peint comme elle ressent. “Ce sont les émotions de la vie tout simplement, celles de l’instant, du souvenir, de l’actualité. J’aime retranscrire la joie, la colère ou l’indifférence, mon voyage intérieur sensible, mes réflexions sur la vie et ses histoires, ses détails, ses recherches individuelles et collectives. Ce sont les émotions que je ressens par rapport à ce Tout, infiniment grand comme infiniment petit ” poursuit-elle.
Le réel se délite et révèle une mécanique quasi automatique. Laurence Lamandais abandonne la forme, la “chose vue” et la révélation pour l’épanchement de l’huile non diluée et l’éloquence de la macule lâchée.  Les lignes courtes et fuyantes réalisées au couteau laissent place aux projections par procédé de dripping. Parfois le motif est répété. “La répétition est l’expression d’un arrêt dans le temps, et d’une volonté de faire apparaitre l’émotion de l’instant. Tel un microscope qui met en lumière, visite le détail que l’on ne voit pas à l’œil nu, le point extrême de l’émotion qui jaillit ” commente l’artiste. L’impression de surgissement est accentuée. L’invisible et l’impalpable apparaissent puis disparaissent dans la densité. Ces effractions du réel, dissolvent les frontières entre conscient et inconscient, vérité et illusion, lumière et ombre comme ultime libération.