Christian Kubala n’efface pas, il conserve le dispositif de création visible. Un hypothétique état des lieux, jamais totalement affirmé, ni figuré mais ponctué de références qui agissent comme des spectres qu’on ne peut saisir que partiellement.
Traces hivernales, technique mixte.
Christian Kubala peint de mémoire les souvenirs qui l'habitent ou visite
les récits légendaires qui hantent son imagination, révélant la triste Ophélie d’Arthur Rimbaud « qui passait, tel
un fantôme blanc sur le long fleuve noir » ou imaginant ce que
pouvait être La Mancha traversée par Don Quichotte.
« Je
raconte une histoire mais c'est la peinture qui me guide, entre hésitation et
repenti. Mon travail est une recherche harmonique mêlée de suggestions et de
mystères, tout n'est pas volontairement expliqué pour laisser libre court à
l'imagination de chacun. Le rôle d’un artiste est aussi de faire
rêver ! »
Pour
répondre à son désir impérieux de transmettre la palette complexe des émotions
qu’il ressent à propos d’une situation, d’un paysage ou d’un personnage, Christian Kubala adopte
un style qu’il inscrit
volontiers dans le synthétisme ; courant postimpressionniste où la pureté
de la ligne, de la couleur et de la forme fait la synthèse entre l’apparence et
le ressenti. Guidé par les maîtres
Cézanne, Matisse, Van Gogh mais aussi les peintres d'origine Russe ;
Chagall, Jawlensky, Popova ou encore le contemporain Yougoslave Dragic,
Christian Kubala ne renie pas ses origines slaves. Elles s’affirment même sous
une authentique mélancolie, là même ou le souvenir n’est
jamais absent.
Bien que majoritairement à
l'huile, sa technique devient peu à peu mixte avec l’utilisation de l'acrylique
qu’il utilise pour travailler les fonds. La toile n’est jamais blanche mais
enduite au préalable de couleurs déposées au hasard, un nuancé chromatique aux
tonalités douces matinées d’un certain naturalisme. L’artiste met l'accent sur
des motifs plats à deux dimensions sous un certain
degré d’abstraction afin de permettre au spectateur de lui-même se saisir du
ressenti. Un flou
habite la surface, guidé par des nervures, traits ébarbés. Il explore le paysage sans l’envahir, s’y introduit
sans s’y perdre. Autant de façons pour lui de placer son geste, d’observer le
monde, de le récréer sans y toucher. Le cadrage, le dépouillement de la mise scène,
l’aspect intemporel, tout concourt à concentrer l’attention sur le détail. Un
romantisme d’éléments à la beauté extatique. Il déplace les signes étrangers en
les rendant familiers, construisant une poésie qui distingue réel et
approximation. La
peinture est pour Christian Kubala un exercice de préhension du monde, d’une creusée
de ce qui peut-être nous constitue et nous façonne. Son œuvre imprime dans
l’esprit une structure de l’espace qui tend à se calcifier et à produire un
ressenti d’éternité.