Il y a d’abord l’expérience de l’espace,
intérieur, sa traversée, ses volumes, ses lignes, ses angles. « Le souci de remodeler pour trouver la forme
parfaite. Quelque chose de conceptuel et harmonieux avec une logique en
soi. » Benjamin Plé est architecte d’intérieur. La matrice de ses
impulsions esthétiques se constitue sous forme de grilles et de
superpositions de motifs tramés.
L’artiste a recours à un procédé sophistiqué.
Il travaille la toile au préalable avec une série de fonds ; des couches
successives pour effacer le grain. S’il utilise l’aquarelle ou l’encre, sa
technique de prédilection est la peinture à l’huile. A l’aide d’une règle, il
structure, quadrille, cherche un rythme de manière aléatoire, sans que le
regard se fixe sur un angle plutôt qu’un autre. L’esprit est cadencé, musical. Il
creuse ensuite les stries au couteau, enlève, efface pour retrouver la
transparence et la brillance du fond. C’est la lumière et la profondeur qu’il
recherche avant tout.
« Il
y a beaucoup de similitudes entre l’huile et l’aquarelle que je ne retrouve pas
dans l’acrylique qui manque cruellement d’humanité et pour laquelle il est plus
difficile de travailler la notion de transparence et de profondeur. »
Benjamin Plé est un spécialiste de la couleur
qui a probablement la plus grande profondeur. Avec lui, le noir n’est jamais
pur, il est malléable, intensif, envisagé sous des intonations de gris, froids
parfois chauds, pouvant virer jusqu’à l’ocre. Du plus
éclatant à l’atone, du gris plombant au halo nocturne, l’ascétisme des teintes est volontaire. Sous un jeu
perpétuel d’ombre et de lumière, l’artiste révèle la disparition du visible.
Les
effets de moirage à l’aspect plus ou moins ondé, procure des perturbations optiques
altérant la vision, des écrasements de plans, des inversions d’espace où ce qui
est devant passe derrière et vice-versa. La multiplication et la superposition
du motif concentrique contribue à l’état de méditation, une certaine élévation,
dictée par le paradigme, la verticalité et l’horizontalité de l‘architecture
moderne.
Les
oeuvres se construisent selon un processus logique. Une technique arithmétique
à l’aspect ludique. On peut imaginer une
pratique de loisir, l’art de résoudre des problèmes mathématiques, des jeux
abstraits de l’esprit ou des problèmes de géométrie.
L’arsenal
évoque le vocabulaire de François Morellet ou de Vasarely pour la construction
géométrique et de Soulages ou encore de Geneviève Asse pour le travail de la
profondeur de la couleur, figures qu’il cite volontiers comme références.
La
peinture de Benjamin Plé demeure abstraite par le jeu formel qu’elle propose.
L’abstraction
géométrique de son motif all-over dramatise la vision et nous invite à un
spectacle qui nous inclus, nous englobe dans un questionnement avec failles, là
où l’imagination déborde. Ses œuvres viennent révéler ce qui les entoure. L’intention
« relationnelle » prend en compte notre perception pour nous
transporter vers une quête d’harmonie, de composition et d’équilibre.