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Benjamin Plé, quadrillage intérieur


 
2012 Peinture 016, 2012, peinture à l'huile, 30 x 30 cm

Il y a d’abord l’expérience de l’espace, intérieur, sa traversée, ses volumes, ses lignes, ses angles. « Le souci de remodeler pour trouver la forme parfaite. Quelque chose de conceptuel et harmonieux avec une logique en soi. » Benjamin Plé est architecte d’intérieur. La matrice de ses impulsions esthétiques se constitue sous forme de grilles et de superpositions de motifs tramés.
L’artiste a recours à un procédé sophistiqué. Il travaille la toile au préalable avec une série de fonds ; des couches successives pour effacer le grain. S’il utilise l’aquarelle ou l’encre, sa technique de prédilection est la peinture à l’huile. A l’aide d’une règle, il structure, quadrille, cherche un rythme de manière aléatoire, sans que le regard se fixe sur un angle plutôt qu’un autre. L’esprit est cadencé, musical. Il creuse ensuite les stries au couteau, enlève, efface pour retrouver la transparence et la brillance du fond. C’est la lumière et la profondeur qu’il recherche avant tout.
« Il y a beaucoup de similitudes entre l’huile et l’aquarelle que je ne retrouve pas dans l’acrylique qui manque cruellement d’humanité et pour laquelle il est plus difficile de travailler la notion de transparence et de profondeur. »  
Benjamin Plé est un spécialiste de la couleur qui a probablement la plus grande profondeur. Avec lui, le noir n’est jamais pur, il est malléable, intensif, envisagé sous des intonations de gris, froids parfois chauds, pouvant virer jusqu’à l’ocre. Du plus éclatant à l’atone, du gris plombant au halo nocturne, l’ascétisme des teintes est volontaire. Sous un jeu perpétuel d’ombre et de lumière, l’artiste révèle la disparition du visible.
Les effets de moirage à l’aspect plus ou moins ondé, procure des perturbations optiques altérant la vision, des écrasements de plans, des inversions d’espace où ce qui est devant passe derrière et vice-versa. La multiplication et la superposition du motif concentrique contribue à l’état de méditation, une certaine élévation, dictée par le paradigme, la verticalité et l’horizontalité de l‘architecture moderne.
Les oeuvres se construisent selon un processus logique. Une technique arithmétique à l’aspect ludique.  On peut imaginer une pratique de loisir, l’art de résoudre des problèmes mathématiques, des jeux abstraits de l’esprit ou des problèmes de géométrie.
L’arsenal évoque le vocabulaire de François Morellet ou de Vasarely pour la construction géométrique et de Soulages ou encore de Geneviève Asse pour le travail de la profondeur de la couleur, figures qu’il cite volontiers comme références.
La peinture de Benjamin Plé demeure abstraite par le jeu formel qu’elle propose.
L’abstraction géométrique de son motif all-over dramatise la vision et nous invite à un spectacle qui nous inclus, nous englobe dans un questionnement avec failles, là où l’imagination déborde. Ses œuvres viennent révéler ce qui les entoure. L’intention « relationnelle » prend en compte notre perception pour nous transporter vers une quête d’harmonie, de composition et d’équilibre.