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Myriam Delahoux, de la terre, de la tôle et du rêve

Myriam Delahoux est une artiste battante, elle affirme au quotidien son désir d’être sculpteur. Son milieu ne la prédestinait pas à être artiste. 

Elle démarre par des études d’éducatrice spécialisée. Elle se marie. Puis décide à contre courant de prendre en main sa vie d’artiste. La maîtrise de sa destinée artistique se décrypte dans sa maîtrise technique. Myriam Delahoux est une créatrice au sens originel. Elle fabrique, dompte et relie aussi bien les matériaux que les pigments pour créer des œuvres à la signature très personnelle.
En quête de manipulation, de savoir-faire et de procédure, elle croise les champs du savoir et de la création. Une formation de céramiste aux Arts appliqués Duperré,  ateliers aux Beaux-Arts, mais aussi auprès du maître japonais Setsuya Kotani à l’Hunter College à New York et de l’inventeur Michel Moglia, lui permettent d’acquérir une connaissance et une technique hautement sophistiquée.
Son besoin d’autonomie la pousse alors à travailler en solitaire et à créer son propre monde, des sculptures hors normes, fragmentées où il est question de masse et d’équilibre. Se délivrant de la méthode pour accéder à la liberté du geste, l’artiste s’assure d’une autonomie de création, affirmant sans cesse un goût pour l’expérimentation ; une recherche perpétuelle et ascendante.
« J’ai commencé la sculpture par le modelage de la terre que j’ai cuite dans un four à bois construit par mes soins. Après ma formation de céramiste, mes premières sculptures  étaient en forme d’œuf ; une réaction logique à l’académisme enseigné à l’école. Petit à petit je suis montée sur la verticale. Depuis, mes verticales montent de plus en plus haut. » 


Le coureur ailé, terre et métal

Les sculptures de Myriam Delahoux lient la terre, le sable, le verre, l’acier, l’inox et autres rouleaux de tôle étirée.  Son arme de fabrique est un treillis métallique qu’elle soude pour porter l’ensemble. La terre est ensuite placée sur le treillis et cuite à 1200 °C au four. « Cuire c’est jongler avec le feu, une véritable épopée qui a ses conséquences. A chaud, la terre se contracte alors que le métal se dilate... Je cherche depuis quelques années une manière de ne pas cuire, en travaillant la terre agglutinée à des résines de peintre. Ce sont des recherches de matières brutes, mais aussi de couleurs. Je travaille les poudres de marbres, les chamottes, les terres de Roussillon, les pigments purs. J’aime l’effet du lissé, mais je réalise également des patines pour aller vers le bronze ou un effet  plus craquelé. »
Par ailleurs, à l’aide d’un oxycoupeur, elle coupe le métal pour créer des silhouettes. Elle aime les déformer par vagues pour un effet de dentelle usée. Le plasma lui permet de couper à chaud de façon plus précise. Légères et mobiles, les œuvres  peuvent être exposées à l’intérieur et à l’extérieur.
Myriam Delahoux affectionne et défie la matière, cherchant à rendre visible ses qualités intrinsèques. Dans son atelier-laboratoire, une ancienne fabrique de tôle, les restes de matériaux sont une véritable source d’inspiration. Les sculptures s’affirment comme des œuvres de récupération, où le rouillé et l’abîmé dictent leur esthétique. La mise en forme théâtralise la matière, augmente ses qualités, la transforme, la magnifie.
Elle mêle le spectaculaire au détail. Aussi futuristes que tribales, ses œuvres hybrides soulignent l’attrait de l’artiste pour l’Afrique et l’art primitif.
Myriam Delahoux invente un art recyclé, transposé, régénéré, aux formules secrètes et innombrables qui suscite l’enchantement, le rêve et l’imaginaire.