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Nicole Fournier Airaud, les accidents de l’intuition

Après quelques années aux Beaux-arts à Paris où elle apprend les techniques académiques et figuratives, Nicole Fournier Airaud se dégage aujourd’hui de tous supports de représentation pour peindre d’après sa sensibilité. Sur ses toiles, la représentation cède la place à l'immatérialité, entre le secret et l’illumination. 

Nicole Fournier Airaud purifie et neutralise graduellement ses moyens plastiques dans une lutte perpétuelle entre élan et retenue gestuels. Par strates successives au pinceau et au couteau à l’acrylique, avec parfois quelques collages de papier Kraft ou de papier de soie, les tons dégradés d’une palette restreinte de gris se superposent pour créer des éléments abstraits, autonomes, souvent géométriques. Des formes subconscientes, créatrices de la raison intuitive, sont de véritables accidents de surfaces qui guident son geste.
« Je suis souvent prisonnière des éléments qui apparaissent sur ma toile. Une fois qu’ils sont là, j’ai envie de les garder mais il faut parfois sacrifier l’esthétique à l’équilibre interne de la toile qui traduit celui de la pensée. L’abstraction géométrique reflète mon caractère et les couleurs froides qui apparaissent sur mes toiles témoignent de mes origines et des années passées à regarder la mer et les ciels de Normandie. »
Les œuvres de Nicole Fournier Airaud témoignent de la permanence du lien avec sa région natale mais l’artiste compose selon des lois issues de son esprit plutôt que la réalité extérieure. Elle opère pour le libre agencement des formes et de sa palette sans recours à l’arbitraire, se détachant complètement des apparences. Sa plénitude picturale s’éveille sans préméditation.Elle intériorise puis  transpose la représentation en imaginant son propre vocabulaire abstrait, construit et dépouillé. 

Ailleurs,  acrylique sur toile, 2010, 80 x 120 cm
 
L’application délicate des touches de gris nuancés et son enchevêtrement donne l’impression d’une succession de plans où l’équilibre s’affiche naturellement.
Un agencement de traits, de contours visibles des formes, créés un effet de dynamique. La ligne fonctionnelle, sépare et lie en même temps. Elle donne une autre force à l’œuvre ; une direction à l’œil du spectateur.
« Le trait vient après pour renforcer une structure et affirmer la composition. C’est une sorte de maîtrise affichée. J’aimerais pourtant évoluer d’avantage vers le lâcher prise et une abstraction encore plus pure » confie l’artiste qui cite Zao Wou-Ki, Braque, De Staël, ou encore Richter comme références.
Nicole Fournier Airaud cherche perpétuellement de nouvelles pistes vers la dématérialisation. Son œuvre est un espace dégagé, en expansion, basé sur la sensation.
Sa quête rigoureuse donne lieu à des travaux construits et sensibles, délivrant les indices d’un dépassement du monde physique. Le geste parfois vertical met l’accent sur l’idée d’ascension spirituelle. Un paradigme esthétique fascinant qui  explore le surréel et déploie la pensée. La ligne libre et les harmonies pures se fondent dans des variations de ressources insoupçonnables ou les surgissements et évanouissements sont une expérience subjective pour chacun.