L’architecture et la construction sont les
fils directeurs de sa pratique. L’artiste fusionne l’organique et le minéral en
cellules multiples dans un béton de culture pour créer du petit mobilier ou des
œuvres sculpturales.
« Mes
recherches artistiques essentiellement basées sur les matières minérales telles
que la terre, le chaux, le tadelakt, le stucco ou encore l’enduit mortier,
m’ont tout naturellement mené vers le béton. La découverte de cette matière
grise a bouleversé mon cheminement plastique. »
Les pièces sont travaillées sous un angle
cellulaire. Elles soulignent une abstraction géométrique sérielle, pensée en
profondeur, qui s’inscrit dans l’espace et le temps. La forme circulaire
renforce l’impression de cycle, de temps immuable. Le design n’est il pas une
perpétuelle remise en question de la matière ?
Véro Reato questionne et exécute sa matière de
prédilection en creux avec des cavités béantes ou obstruées. Cette alternance
de pleins et de vides offre une ambivalence du regard ; un jeu de
transparence évoquant l’astre lunaire, lumineux et éteint à la fois. Ses
cratères, alvéoles ou « wormhole » matérialisés en bambou immergés et
colorés dans la masse, sont la signature d’une fragmentation spatiale et d’un
procédé technique parfaitement maîtrisé. La fragilité des matières naturelles
se concentre ainsi dans la puissance de la forme.
« J’utilise
le sable fin, le ciment, l’eau, les fibres de verre, mélangés au malaxeur pour
constituer une pâte plus ou moins dense, selon les effets souhaités, que
j’applique à la main. Je recherche l’aspect « brut de décoffrage »,
cette texture graphique propre au béton de construction. Une coloration dans la
masse et l’utilisation de lasures béton me permet de peindre sur la matière
sèche pour accentuer, souligner les effets souhaités. »
BETON / BAMBOUS / ACIER / GRAPHISME / DIAMETRE 150 cm |
Les œuvres de Véro Reato explorent l’espace de
ce qui relie et ce qui sépare. Un terrain de création qui se déploie en trois
dimensions loin de la frontalité et de la froideur du béton classique. Ces
artefacts au design radical et au caractère naturel revisité, construisent un
sens supplémentaire et singulier. Personnels, décoratifs et utiles, ils
occupent autant l’intérieur que l’extérieur. L’excellente tenue aux intempéries
du béton permettant d’envisager les créations sous un angle mobile, indoor-outdoor.
Les miroirs, horloges, tables et autres sculptures murales, permettent d’être
regardées et appropriées par tous. Une authenticité directe et accessible immédiatement.
Ces pièces expressionnistes ont une ambivalence
esthétique intéressante. Une tension plastique décalée, soulignée par la
simplicité géométrique des éléments qui se confronte aux contrastes des
matières.
Véro Reato sait aussi entretenir le sens du spectaculaire
avec des petits trucages défiant la gravité. Les fibres de polyéthylène mêlées à
son savant mélange, améliorent par exemple le renforcement, l’épaisseur et le
poids d’une pièce. Une filiation des possibles qui témoigne d’une préservation
des qualités intrinsèques de la matière pour magnifier son utilité. L’artiste
théâtralise la forme et la matière avec l’envie de nous surprendre. Avec elle,
le béton devient malléable, d’une nouvelle épaisseur. Il peut être vu de
dessus, de dessous ou sous d’autres angles inattendus.
Véro Reato réveille notre vision
architecturale paresseuse. Toute son œuvre s’accorde vers une quête d’autres
territoires matériels, naturels, hybrides et authentiques à la beauté aussi
extatique que surprenante.