Formée
aux Arts Décoratifs, Marie-Anne Muller Zinzindohoué prend le chemin de la
figuration narrative avec une garantie de style et de singularité.
« Mes
toiles sont des histoires d’animaux simples à comprendre. »
L’analyse du récit
intelligible se lie à une technique efficace.
L’artiste travaille sans modèle, à partir de photographies
collectées. Elle peint au pinceau
sur toile à la peinture vinylique qu’elle nourrit ensuite à l’huile.
Ses toiles sont conçues avec des substitutions et des liaisons inattendues.
« Je
fais entrer les animaux chez nous. Notre quotidien est très angoissant et faire
intervenir la nature et ses prétendants dans la ville c’est apaisant pour moi
qui ai grandi en partie à la campagne. »
Marie-Anne Muller Zinzindohoué scrute le réel
pour exprimer sa propre réalité avec la méthode de la programmation
neurolinguistique (PNL.)
« Nous
avons tous une carte unique de la représentation du monde. Il ne faut pas
s’empêcher de voir autrement. On peut tous voir les choses différemment en
essayant de retrouver les bonnes sensations et en luttant contre les mauvaises.
Le procédé est de se projeter sur une image fixe pour voir sous un autre regard
l’environnement. Fixer un rhinocéros bleu volant au dessus de New-York, permet
de voir Big Apple sous un autre oeil. Magritte utilisait, quelque part, déjà la
PNL dans ses toiles. »
New-York en Rhinocoptère, huile sur toile 130 x 89 cm |
Marie-Anne Muller
Zinzindohoué remet en cause la vraisemblance et la construction de la
représentation. Elle trace les signes d’un imaginaire à recomposer et
questionne la captation du sensible. Elle ouvre un espace
où se mêlent regard, réflexion et émotion.
L’animal, dans sa charge symbolique, suffit à représenter
l’humain, ses qualités et ses vices. En imbriquant
l’intime et le questionnement, l’incongru trouve sa place. Le spectateur scrute avec acceptation
un pingouin au Sahara ou une girafe devant le jardin du Luxembourg.
Ce détournement éradique avec humour toute complaisance
à l’égard des idées préconçues, à l’égard du vrai et du mensonger. L’artiste
bouleverse les stéréotypes en essayant de les dévoiler, les mettre à nu.
Le sens comique apporté à la composition
renforce l’idée de plaisir. L’art et la narration sont ainsi conçus dans une
réciprocité, assurant à son œuvre les qualités de l’artifice et de l’humour.
Ses travaux
associent l’animal au design, une autre de ses passions qui s’exprime en fond
sous forme de détails plus ou moins ornés, compensant et substituant à la fois
la scène. L’énergie des traits accompagne l’espace
composite. Les tons sont
assourdis et la palette limitée pour plus d’harmonie.
Marie-Anne Muller Zinzindohoué est une scénographe de génie. Elle
ordonne un nouveau monde tout en laissant emporter
l’imaginaire dans des contrées fantasques et autonomes. Son potentiel de fable télescope les extrêmes.
Sa mise en scène schizophrénique, chère aux surréalistes, relate la réalité
d’une immense scène de théâtre qui nous titille de sa folie douce et amusée.