J. Dann est une artiste
hyperactive, une chercheuse infatigable qui ne s’engage jamais sur une seule
voie. Le dessin et l’écriture ont toujours fait partie intégrante de sa vie.
Musicienne de formation, un grave accident de moto remet en cause ses
perspectives et tout naturellement elle se dirige vers les arts plastiques. Une
formation classique lui ouvre la porte de l’abstrait qu’elle exprime par la
peinture, la calligraphie et surtout la gravure.
Les estampes de J. Dann
sont lyriques ; elles font référence à cet élan intérieur capable de
provoquer une émotion par les lignes, les courbes, les formes, les reliefs en
laissant un espace de liberté quant à l’interprétation que chacun choisira de
privilégier. L’artiste explore différentes techniques pour arpenter toujours
plus d’espaces de création. Après avoir délaissé l’Eau-forte, trop irritante
pour ses yeux, elle utilise d’avantage la collagraphie.
Portrait |
Le point de départ est
une matrice destinée à être imprimée en creux ou en relief qu’elle fabrique en créant des dénivellations
et des collages de matériaux divers sur métal, carton, lino, plastique... Elle
insère le motif qu’elle dessine sur la plaque à l’envers, creuse et nivèle à
différentes profondeurs puis applique à la main l’encre qu’elle mélange
généralement sous plusieurs teintes avant de créer une impression.
J. Dann colonise
l’étendue du support jusque dans ses derniers retranchements. L’encre finit de
scarifier la surface puis quelques éléments rajoutés ; ficelles, fils, papiers
s’insèrent et débordent du cadre. Il s’agit de créer un univers où la matière
se libère de son carcan. Aussi bien
visuelle que gestuelle, l’intention est libre et maîtrisée. Elle installe cette
instantanéité qui va de pair avec la rigueur et le respect de la technique.
« Les techniques de
la gravure sont rigoureuses, il faut être précis, minutieux et savoir prendre
son temps pour les différentes phases : travail de la plaque, préparation
du papier et des encres. Mais lorsque l’impression intervient c’est la totale
liberté ! J’aime à la fois cette contrainte et cette liberté, l’une amenant
l’autre. »
Son mode de production
attribue une double fonction de contrôle et de hasard, entre la précision et le
lâcher prise. L’artiste rapproche ces deux intentions pour créer une nouvelle
potentialité. C’est dans cette coexistence harmonieuse, qu’elle trouve la
source de sa créativité. De sillons en traces, elle dessine sa propre voie,
laissant s’échapper une énergie libérée, alliée à une contemplation assumée. Ses
œuvres interprètent la force onirique. Dans
cette mécanique holistique du rêve, la délicatesse de son geste génère quelques
chimères hybrides entre règne animal, végétal
et parfois humain. Un papillon, un coquillage, une pomme, un personnage
surgissent au premier regard pour disparaître au second. Il est inutile de
chercher le signe et la signification ou autre vérité annexée. L’artiste nous
réconforte avec le mystère de la préhension du champ visuel où la couleur prime.
La palette chatoyante et
vibrante rouge, jaune, bleue nous rappelle que J. Dann est une artiste
débordante de vie, d’une lumineuse maturité artistique.