“Je m’invente un monde où rien n’est
grave, où l’on ne médit plus, où l’on est libre de s’envoler même sans ailes.” Bienvenu dans le jardin stellaire de Laëti de Flo.
Entre fleurs et astres, mer et ciel, ses champs de constellations
spectaculaires sont un rafraichissement pictural qui nous fait perdre les lois
de l’apesanteur.
Entrelacs,
volutes et touches en flochetage, presque pointillistes colonisent l’espace…
L’univers de Laëti de Flo est une surface poétique où le fond se mêle à la
forme, où les effets de style s’unissent à une technique mixte maîtrisée.
Huile, acrylique, feuille d’or, vernis à ongles se lient sur la toile avant
d’être recouverts d’une ultime couche de vernis Epoxy. L’artiste utilise plus
volontiers le couteau ou le pinceau sur les touches plus enlevées. Elles s’insinuent
comme une caresse dans les courbes, précises ou imprécises, toujours élégantes.
“Sur ces thèmes ondulatoires je travaille des traits
souples, les touches et les couleurs se succèdent pour arriver à tourbillonner
sur la toile et donner une impression de souffle, de vent, de mouvement.”
Cette
dynamique véhémente de spirales enveloppe et plonge le réel et ses racines dans
des lieux abyssaux. Le flux et reflux de cette mécanique des fluides préservent
son secret. L’imaginaire se déchaîne mais le réel reste voilé par ces
procédés picturaux. Laissons le mystère de ce lien et de ce lieu. Peut-être
sommes-nous projetés dans une nouvelle galaxie, enracinés sur une terre où la
floraison règnerait ou encore plongés dans un bain d’algues extraordinaires... Peu
importe, le voyage demeure exaltant.
“J’aime mélanger les éléments. Le végétal,
l’aquatique et les flux qui les font mouvoir ; le vent, les courants qui les
rendent si graciles. Je passe pas mal de temps sur et sous l’eau, dans les
calanques et je suis subjuguée par les champs de Posidonies qui dansent dans
l’onde ou les bancs de poissons dont l’organisation géographique est un
véritable ballet enchanté.”
Les repères et les codes sont transgressés La progression de la structure se déforme.
Malléable, elle apparaît instable mais se moule parfaitement au contexte. Dans
ce désordre qui n’efface pas la volupté, l’artiste ouvre de nouvelles
perspectives où l’ornement et la feuille d’or corsettent et rehaussent l’éclat.
L’artiste s’attache à la vibration de la lumière, la couleur du ressenti, ses
émanations sensitives, la perception subliminale menant au non palpable, aux
émotions ; ce langage d’impressions fugitives. Elle veut faire comprendre le
sentiment. Ce cheminement fonctionne par étapes. Le titre de l’œuvre guide d’abord
le regardeur avant le grand plongeon au cœur de la toile.
Le bleu océan
aux tonalités cosmiques domine mais se diffuse avec subtilité dans la palette
chatoyante.
“Je cherche à faire partager l’onirisme à travers une
palette toujours haute en couleurs. L’exercice étant de trouver le bon ton pour
que ces couleurs évoquent quelque chose de positif, de gai, d’élancé,
d’insouciant. Nous vivons dans un monde où tout nous ramène à de lourdes
responsabilités. On se sent impuissant devant la marche irrémédiable vers notre
propre anéantissement, face à la pollution, les famines, les guerres… Les
médias font de nous des marionnettes ridicules.
Je suis dans ma peinture comme dans un sous rêve qui fait tout oublier.”
Dans ce lieu irréel, à l’abri, la figuration du songe est à l’œuvre. C’est à travers son prisme, que l’art de Laëti de
Flo nous propose une clé de l’univers et de nos questions humaines. La
magnificence de sa peinture est un hymne à la joie où nous pouvons reposer nos
yeux fatigués. C’est une évasion spontanée de l’esprit, un jardin d’Eden avant
la faute. L’heure du réveil serait-elle arrivée ?