Le nu et plus particulièrement le nu féminin occupe une place importante dans l’œuvre d’Eric Migom. L’artiste est en effet fasciné par le corps humain, par sa précarité et par les pulsions dont il est l'objet.
L'homme et la femme. |
« Dans la série Les Libertins, mes personnages sont
aussi bien réels qu’abstraits. Ils représentent ma vision de l’être humain, de
la femme, complexe et fascinante. Ces émotions fortes questionnent le premier
des débats : la relation entre la femme et l’homme. En soi, le monde
intime qui nous habite tous. »
Pour évoquer son libertinage
pictural, Eric Migom utilise une technique et des supports mixtes à l’encre de
Chine sur papier coton 300 grammes Arche, ou à l’acrylique sur bois ou sur
toile. Il affecte le réel sans le
pousser vers l’abstraction. Son style personnel se caractérise par le dépouillement de la forme, la
sobriété du contenu et l'utilisation d'arrière plan neutre, sans ornement, sur
lequel le ou les personnages se détachent.
L’artiste cherche à transcrire l'intériorité par des
positions excentriques du corps. Les positions provocantes sont non
conventionnelles, les poses extrêmes, les traits déformés. Cette distorsion de
la réalité créée une subtile tension. Les traits sont fins, immédiats, spontanés, allusifs
et narratifs.
« Les Libertins parlent, racontent, observent,
scrutent, et provoquent… Je les veux ainsi, pour confronter le spectateur à une
vision qui l’invite à plonger en lui même. »
La coloration des dessins bataille contre la
transparence et renforce la force expressive du sujet qu’il fait évoluer progressivement
en donnant aux parties arrondies du corps, des formes anguleuses aux contours
soulignés et bien visibles.
Triangle. |
Comme un fantasme impalpable, une jouissance
interrompue laissée en suspend, Eric Migom n’achève pas le dessin, il ne le
traite pas jusqu'au bout et abandonne le spectateur dans un désir inachevé. Là
est toute la recette de son érotisme esthétique, dans l’excitation du mystère. Il
permet de pénétrer dans l’œuvre en suggérant le chemin sans le dévoiler.
A la recherche de
l’étrangeté dans l’image, il se détache des règles en y apposant son propre
code. Des éléments alphabétiques au caractère oriental sont insérés sur la
surface accentuant cette capacité à introduire de l’inattendu.
« L’écriture en tant que langage, par ses symboles m’a
toujours passionné. La présence d’une sorte d’écriture inventée sur mes toiles
augmente l’ambiance de mystère. Elle est liée au motif et le complète. »
Ces traces d’intimité
énigmatiques et intemporelles creusent l’équation entre le langage et
l’érotisme. Ce contraste ajoute de la magnitude à l’émotion.
Eric Migom fait du corps un puissant support de
l'expressivité. Son œuvre est volupté sensuelle et ardente qui créée
l’étincelle.