Elle travaille
exclusivement à l'huile sur toile de lin au pinceau levé. Sur la base d’un jus
de couleur rouge, des tâches se forment de façon aléatoire et lui servent de
matrice pour fabriquer un spectacle symboliste digne de la fin des temps et du
recommencement.
Nadyn Kuntz
construit des scènes où les créatures grouillent et remuent, où les anges et
les démons côtoient les hommes, où les corps se fondent dans les visages. Elle
enrobe, superpose et relie pour mieux souligner les correspondances visibles.
“ Les sujets
que je peins n'existent pas. C'est le hasard des taches qui me sert
d'inspiration ; Mon œil construit inconsciemment la scène avec ce rouge comme source
d'inspiration qui symbolise pour moi le berceau de la vie. J’illustre la
douleur, la folie, l’enfantement… La femme occupe toujours une place
essentielle pour raconter la vie, avec ce qu'elle a de beau, mais aussi avec ses
peines et ses douleurs.”
Son récit
figuratif, se lie comme un plein compressible. Le vide a peu de place. Elle
investit la surface presque sans interruption, invitant le spectateur à
circuler entre la grande et la petite histoire, entre le détail et le tout.
Les signes de la
transformation, les stigmates de l’évolution opèrent le réel sans
contradiction. L’artiste isole les personnages mais ne les décontextualisent
pas. Ni héros, ni victimes, ce sont simplement des êtres naturels ou supranaturels
au dédoublement vampirique qui prolifèrent, s’affrontent et se confondent. Le
débordement a lieu dans les retrouvailles avec l’autre. Des dizaines de figures
se pressent ainsi pour composer les multiples facettes de l’œuvre. Dans cette confusion
des masses, de perte de la forme et de l’identité, le monde se déchiffre mais
c’est aussi un lieu où il peut s’inventer. Il prend forme au delà et en deçà de
la description. Lettres et signes s’agrègent et se dispersent au gré des
impulsions picturales de l’artiste. A la fois symétrique et chaotique, la
structure oscille.
Démentia, huile sur toile, 100 x 100 cm |
Attirantes et
troublantes, les œuvres de Nadyn Kuntz sont un piège tendu aux interprétations.
Dans son agencement idéiste, elle élie la femme comme support de l’idée. Elle
permet une méditation, fait galoper une imagination enflammée. Pour ménager la part
du rêve ou du cauchemar, le suggérer devient préférable au montrer.
Légendes,
croyances, poésie… L’artiste mixe une histoire inédite de l’humanité mythique.
Son psychisme abrite conflits, tourments et heureux événements. Ces chemins et
méandres accompagnent l’inconscient au plus près de son processus. Ils se
nourrissent de l’Eros et du Thanatos dans une représentation ligamenteuse,
attachée à la chair, où tout se relie. Cyclique et sans fin, ce désir pétrifiant
et cette force de mort s’inventent au croisement de la beauté et de l’horreur. Entre
récompense et châtiment, les rapports de pouvoir et de désir se confondent. Dans
cet acte sublimatoire, l’étrange s’érige avec audace et force. Sensualité,
sexualité et supplices charnels sont mis hors du temps laissant le spectateur à
vif et à sang.