Les vertiges d'un iris |
Claudette Allosio joue la carte de l’abstraction pour mieux se libérer. Lassée par la représentation figurative de ses thèmes de prédilection, elle choisit d’effacer le signe pour se mettre en quête d'une écriture nouvelle, vers un lâcher prise de la réalité observée.
Sa principale source d'inspiration est la
nature environnementale. Elle élabore son processus créatif à partir d'une
fenêtre visuelle qui donne sur un élément de nature ; une forêt, des
troncs d'arbre, des fleurs… Puis calque son sujet par les lignes en faisant abstraction
du support, telle une destruction, un bouleversement de l’état et de
l’environnement naturel. Elle révèle ainsi la disparition du visible, en révisant sa technique
et son mode d’apparition.
« Mes recherches vers l'abstraction ont été influencées par
les mathématiques et les outils informatiques : j'ai beaucoup joué avec
les coordonnées polaires, avec les effets des transformations que j'ai appliquées
à mes tableaux de pastels les plus colorés. De là, est né un champ
d'investigation sur les lignes et les formes qui m'a amenée à sculpter la
couleur. »
L’artiste travaille principalement le pastel
sec.
« C’est un médium très tactile, sensuel. La variété et la
richesse des couleurs, leur immédiateté me permettent d'assouvir mes
ardeurs de coloriste. Le pastel offre autant de rendus de matière que des
transparences. »
Claudette Allosio accorde une place
prépondérante à la couleur, c’est son pilier intarissable. Les aplats colorés
luttent avec la figuration et la ligne claire.
Dans cette dualité jamais résolue entre la couleur, les
motifs et les références, il y a beaucoup d’éléments à regarder. Son imaginaire
débordant affirme la palette complexe de ses émotions guidée par ses sens.
« Les cinq sens représentent pour moi, dans leur globalité, le
plein épanouissement, le bien-être, ils sont les vecteurs de la représentation
de mon imaginaire et de mes rêves. »
L’artiste accentue plutôt
l’onirisme que les jeux de codes et les déformations simplistes. Son geste
prolifique présente tous les symptômes de l’exécution dictée par une force
intérieure. Son souffle créatif se décuple in vivo au fur et à mesure, pour se
révéler au grand jour. La révélation laisse pourtant le regardeur à l’état
d’énigmes. Ses terrains d’apparitions activent la réflexion. Les détails
insaisissables sont en correspondance avec les possibilités de récits. La
hiérarchisation de la perception ne tient plus. L’environnement, sur le mode de
l’intime, devient laboratoire, lieu de relecture. Claudette Allosio réinvente un présent décalé qui
nous propulse dans un scénario à choix multiples. Un morceau de rêve où prend
appui l’émotion poétique.