Accéder au contenu principal

Arno Sebban, état transitoire

Son mode d’expression est la forme et la mise en volume.  Au-delà de sa formation de designer produit, Arno Sebban s’interroge sur les fonctions de l’objet artistique. Dans ses travaux, tout concourt à troubler la perception des espaces et des volumes représentés.


« Les Foules » est une série née d’une recherche à l’encre de chine sur papier déposé à la verticale sur chevalet.
«  Les coulures tombaient jusqu’en bas de la surface et semblaient vouloir s'échapper de la page pour devenir indépendantes. Je n’avais plus qu’à les libérer de leur support. »
Arno Sebban cherche à préserver l’aléatoire tout en le conduisant. Il affectionne le principe de sérendipité. “ Les accidents est comme un geste qui va au delà de nos pensées, et nous conduit vers des territoires insoupçonnés.”
Un dessin, une maquette, un moulage, de l’acier, du marbre, de la pierre, de la fumée sont autant de matières qui donnent ainsi progressivement vie à des sculptures à taille humaine.
« une sculpture est un corps qui parle à un d’autre corps,  c’est cette interaction physique qui m'intéresse. » Une attirance physique, un érotisme, une sensualité ; l’artiste cherche l’attraction sensorielle . Car sa démarche se veut aussi minimale que contextuelle. Il déploie un répertoire de formes et d’idées dont la qualité commune réside dans son essence même : interagir avec son environnement. Elle propose une expérience contemporaine qui défend l’action du public. « Les Foules » prennent ainsi leur sens dans l’espace et le temps ; sur le lieu d’installation et au moment même où elles sont regardées. Certaines présentent des vides, des trous, invitant à scruter de l’autre côté de la matière.

Grande Parade, 200 x 160 x 50 cm - Acier oxydé, cuivré et patiné au graphite - 2014
 
« Une sculpture est se dessine par ses ombres et ses vides. Je cherche ainsi à faire vibrer l’espace qui se trouve derrière la sculpture. Parfois je joue sur une double lecture, lisible sur sa projection. »
Il s’agit là d’une invitation  à réévaluer nos critères de jugement symbolique. L’artiste trace des directions, des lignes de force qui participent à une appréhension polysémique.
Il sculpte des foules dont il rappelle qu’elles n’existent pas concrètement, la sensation première d’un métal liquide,  mais qui se dessinent dans l’imaginaire. L’image et sa dissolution repose sur des postures totémiques,  des apparitions anthropomorphiques, autant de formes d’expressions qui ont le pouvoir de suggérer plus que de montrer. Leurs potentialités de conviction, d’errance, d’illusion fonctionnent comme des flashs qui semblent familiers.
Les spectres de Jean Arp,  Alberto Giacometti, Jacques Tati... rodent autour des œuvres d’Arno Sebban mais ses figures sculpturales ont leur propre facture. Elles questionnent à leur façon l’identité, le statut de l’événement ainsi que son apparition figée, suspendue dans un état transitoire.