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Carole et Louis


Le tricentenaire de la mort de Louis XIV est l’occasion pour Carole Fournet de témoigner de sa passion pour la lumière d’une époque ; celle des grands qui ont fait l’Histoire de France. 


Louis XIV, technique mixte, 220 x 250 cm, 2015.
Le château de Maisons-Laffitte est son terrain de prédilection pour croquer, peindre et reproduire avec une extravagance qui lui est propre les scènes mythiques du château. Peintures, sculptures, moulures… Des œuvres les plus monumentales aux détails les plus imperceptibles, son ouvrage Histoires revisitées constitue un glossaire d’une remarquable singularité.
Louis XIV est pour l’artiste, une idole transportée dans le temps présent.
Son portrait à taille humaine reconsidère celui du peintre Hyacinthe Rigaud dont l’original se trouve au Louvre et une copie au château de Maisons-Laffitte.
Carole Fournet se met à la recherche des forces qui renouvèlent le passé. Elle réinvente le sublime en venant alternativement découvrir et recouvrir les profondeurs du mythe du plus étincelant Roi de France.
Sa technique mixte réunit le dessin au fusain, la peinture à l’huile, le plâtre, les paillettes Swarovski et de la poudre de diamant provoquant cette hystérie douce de la surface. Un relief qu’elle travaille pour le toucher, en particulier celui des non-voyants à qui elle propose une lecture directe, intuitive et palpable de l’œuvre.
Du trait au relief, l’œuvre se révèle au dernier passage du fusain pour souligner les contours visibles, un moyen de reconnaître le désir qui a motivé sa patiente composition. 
Chaque étape du parcours est ressentie comme un questionnement, une remise en cause de l’équilibre. Cet aller-retour perpétuel entre l’archive et le présent dévoilent des effets d’absence et de présence, d’apparition et de dissolution. Un véritable jeu de couches qui jette un trouble dans un mouvement constant entre miroir et transformation du réel. Entre le corps et la lumière, entre le statisme du trait et le mouvement du reflet, le portrait du Roi-Soleil se façonne.
Ce savant procédé de superpositions de surfaces inhibe l’éclat des couleurs qui se substitue au voile poudré, doré. L'usage de ce précieux artifice prend une valeur libertaire. Sous Louis XIV, le fard est le symbole de l'amour, de l'émancipation, mais aussi de l'adultère et de l'impudeur. Ici, il travestit en exaltant le trait libre et transformé. La noblesse du décor, la quintessence du pouvoir absolu mais aussi la solennité  et le raffinement du monarque en costume de sacre fleurdelisé se voient bousculés. La perspective est abolie.
Cette dimension esthétique qui exagère, sectionne, fractionne et morcelle est une pratique continue chez l’artiste. C’est une proposition ouverte de lecture qui étouffe les frontières d’une œuvre finie. Cette rébellion témoigne d’une peinture sensible, indéfectiblement joyeuse et intense qui brille de toute son impertinence.