Marie-Rose Atchama fabrique des univers imaginaires qui ont peut-être existés ou qui
existeront. La création de ces mondes d’un autre temps, à la fois attrayants et
fantasmés se situent entre le rêve et la fiction. Elle nous engouffre dans les
méandres de son inconscient pour découvrir petit à petit des scènes informelles
et extraordinaires.
Sa technique mixte invite l’acrylique ou l’huile
sur toile déposée au couteau ou au pinceau mais aussi l’encre de chine guidée
par la plume lorsqu’elle choisit le papyrus. D’autres effets en relief de collage
peuvent s’intégrer sur du carton ou sur du bois.
Sa palette vive et joyeuse s’unit au flou, au
vaporeux, à l'impression.
Dans ce bouillonnement, oiseaux et poissons s’agitent
dans le même bain, entre ciel et terre. Sa touche pleine de vivacité s’inspire
de l’intensité lyrique invoquant un répertoire hétérogène de sujets
mystérieux, de paysages aux teintes doucement orageuses, aux volutes et
arabesques qui balayent du plus abstrait au vraiment figuratif, du suggéré à
l’évident.
En boucles d or, acrylique sur toile, 2015 |
Des femmes rousses, chapeautées, sont les
sorcières de ce monde enchanté. Elles n’ont pas de membres mais des boucles
d’or qui s’entremêlent sans hiérarchie. Sur ce qui se joue, rien en somme n’est
fini, fixé, définitif.
« Ce
sont des personnages fantastiques,
surréels, issus de mon imaginaire. Ces femmes se ressemblent dans deux univers
différents. Un peu comme l’effet du miroir et de l’âme. »
La
scène est intégrée dans un médaillon qui n’est pas sans évoquer le Quattrocento
Italien. Il
y a d’ailleurs une notion circulaire dans l’art de Marie-Rose Atchama. Le temps semble être projeté comme un éternel
retour, une « palingénésie », terme qu’utilisaient les grecques pour
évoquer la nouvelle naissance, la régénération. Ses mondes ronds, sans
aboutissement semblent aussi légers qu’un nuage.
« En 1986, j’ai eu une
intuition très forte. J’ai projeté ma conscience à l’image d’une roue
psychique. Comme quand on tire sur la bande d’un disque, lorsqu’on la relâche,
tout s’enroule et revient au point zéro. Aujourd’hui cette prise de conscience
est restée gravée comme un tableau dans ma mémoire, elle me sert d’outil
d’inspiration, de création, d’évolution. »
Les œuvres de Marie-Rose Atchama exposent son mode de
pensée, un biais pour se livrer, se souvenir et se confronter au monde. C’est
un champ allusif qui ne peut être tout à fait déchiffré. Ses impulsions
picturales et ses figures spectrales sont vouées à rester énigmatiques et
impénétrables pour ne pas rompre la magie.