Dans sa série Soleil couchant, R.Cavalié convoque trente personnalités, trente suscitateurs qui l’accompagnent toujours.
“A
l’automne de ma vie, plutôt que d’écrire une autobiographie, il me semblait que
Soleil couchant pouvait être un témoignage différent de mon passage ici-bas.”
Figée par le séchage du temps, sa peinture transfigure une
biographie intimiste et pudique, un témoignage de sentiments éprouvés.
R.
Cavalié se permet une visite dans les coulisses de l’histoire, son
histoire. Celle d’une femme qui a traversé les illusions et désillusions de la
deuxième moitié du 20e siècle pour aborder le 21e avec singularité, portée par
de nombreux référents qui ont suscité son admiration.
L’artiste
se réapproprie les icônes. Ses portraits
parlent de la mémoire tant personnelle que collective. Ils évoquent ses
souvenirs qu’elle maintient vivaces, des rémanences qu’elle réveille d’un passé ou d’un présent. Il s’agit de
questionner cette appropriation du reflet du modèle dans la construction de son
identité. Le reflet de sensations et d’émotions très intimes.
Ces icônes à l’identification immédiate révèlent la fascination et la sublimation. Avec elles,
elle remémore les territoires magiques et plus dramatiques de son existence.
Duras, Schubert, Barbara, Degas,
Dostoïevski, Suzanne Valadon, Fellini, Agatha Christie, Le Caravage, Ariane
Mnouchkine, Le Clézio, Tadeusz Kantor... Sont
autant de personnalités d’hier et d’aujourd’hui qui l’inspirent et qui l’aident
à vivre.
Sa
technique mixte souligne une polychromie
personnelle fondée sur un va-et-vient entre son propre ressenti et les goûts
connus du personnage.
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La
contemporanéité de la peinture de R. Cavalié se situe dans cette virtuosité
alchimique de dosage des pigments, des gestes et dans la maîtrise du hasard des
effluves qui permet de saisir un état de ces grandes figures, loin d’être
fanées. De
cette galerie de célébrités provient une lumière vive qui ne s’éteint pas.
L’artiste nous offre une vision d’un monde et de personnalités jamais périmées,
toujours ancrées dans le réel. Par leur aura immortelle, elles continuent de
construire et participer au merveilleux, à l’enchantement.
Ces inaccessibles témoins muets, nous placent dans un sentiment
de profonde sensibilité, entre vie et mort, entre surgissements et disparitions.
La nostalgie du regard poétique rivalise avec la modernité des contrastes. Entre hommage,
appropriation et assimilation culturelle, ces icônes sont les personnages et
les effets stylistiques de son récit artistique sans cesse réinventé.
Il y
a dans ces protagonistes, une ferveur immédiatement visible et une délicatesse
presque naïve. Rien ne choque le regard, il est plutôt d’emblée séduit et
attiré. Ce n'est ni une représentation ni
une description mais une évocation.
Avec son degré de réalisme, R. Cavalié
propose une transcription intérieure du modèle. Elle saisit
dans l’instant le visage et l’expression tout en faisant apparaître la vérité
intemporelle du caractère ; un délicat mélange d’individuel et d’universel,
d’instant et d’éternité.