A l’origine de ses travaux, une envie de découvrir et transformer des territoires, des océans et les hommes qui en vivent, ceux de la Bretagne comme ceux de l’océan Indien, souvent baignés par cette même lumière bleue marine.
Cet ancien ingénieur mêle sa passion pour l’exploration
topographique des sols de la mer à celle des techniques plastiques.
En quête perpétuelle de luminosité, son procédé mixte mélange le
sable et les résines mais aussi la photo, la superposition de collages papiers
ou numériques, les documents originaux, des traces, témoins silencieux de la
mer, marouflés dans la toile. Ce sont, entre autres, des archives du commandant
de marine Brenot, ancien collègue du commandant Cousteau. Des fonds de cartes
marines, des bathymétries qui mesurent le relief de l’océan.
Bathymétries 8, 30 x 30 cm |
« En scannant de
vieilles images sur plaques de verre j'ai imaginé que ce patrimoine côtier
datant d'environ 100 ans se transformait sous la pression humaine et qu'il
serait peut-être méconnaissable dans 100 autres années. »
Des côtes aux profondeurs, l’artiste flotte avec ses attaches et
revisite le travail d'océanographe. Il transforme l’archive pour la sublimer en
œuvre d’art et témoigner du temps qui opère sur le territoire.
« Ces
cartes et documents, cartes et courbes de relevés de profondeurs, forment un
matériau graphique sur la toile ; une vraie poésie d'évocations
marines. »
Ses travaux diffusent effectivement un climat, un repos, un arrêt
dans l’étendue d’une séquence. Le flux et reflux apparaît comme suspendu.
Sa touche évoque la réfraction de la
lumière sur et sous l’eau. Les terres comme les voiliers apparaissent et
disparaissent à la manière d’un hologramme, laissant voguer son trait du
figuratif au plus abstrait, de l’évidence au mirage, sous une douce hypnose.
Ces paysages réinventés, bousculés se déploient. Mais l’artiste explore sans
envahir, il s’introduit sans s’y perdre. Il observe, sillonne, sculpte et
recréer l’univers de la mer avec une intention parfaitement identifiable.
Marina 4,92 x 65 cm |
La perspective est abolie, l’angle de vue
remplacé par l’inclinaison de traits. La précision millimétrique des cartes est
mise en tension avec la touche abstraite, du précis à l’imprécis, le visible se
confronte au souterrain. Sous ces latitudes poétiques, nous participons à une
expédition profondément émouvante qui stimule les abysses de nos pensées.
Les œuvres de François de Verdière sont des traversées qui
interpellent et qui parlent de mémoire, de souvenirs et d’horizons lointains.
Un itinéraire marin qui forme l’archipel de tous les possibles.