Carnaval de Dunkerque, encre de Chine et aquarelle |
Sous une palette aux tons doux, sa recherche d’effets de dépassement du contour
visible, vers l'indéterminé et l’effacement, participe à un style parfaitement
identifiable. Sa contemporanéité se situe dans cette maîtrise du hasard des
effluves.
« Dès le départ, un style de dessin imprécis, naïf, s'est
naturellement imposé, dans mes compositions. Je n'ai pas voulu « faire du Raoul
Dufy » comme le pensent certains. Je chercherai plutôt une influence dans le
dessin de presse et la BD (…) Et puis il y a aussi les Bruegel et James Ansor. »
Il y a effectivement dans les œuvres
de Pierre Debroucker, alias Masmoulin, une délicatesse presque naïve, toujours agréable.
L’artiste peint des espaces
symboliques, seulement identifiables par ses protagonistes réunis en groupe.
Concerts,
réunions médiatiques, embouteillages, match de foot, courses à pied, vacances à
la plage…
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Percussions brésiliennes : encre de Chine, feutre et aquarelle |
Entre peinture et poésie, cette source d’expression créative se
fige dans une mêlée atemporelle. L’artiste brouille les pistes de l’élan
narratif en décontextualisant ses rassemblements. Le lieu et le temps ne sont
pas perceptibles. Il porte la tension de l’instant sans en proposer la
description. Seuls les personnages participent au message et à l’identification
de la scène.
Si ces ambiances chargées sont panoramiques et enveloppantes, elles
ne saturent pas la surface et sont arrangées avec les qualités de l’humour. Les
protagonistes ont, lorsqu’ils participent à la même activité au même moment,
quelque chose de grotesque, « l’effet mouton » que l’artiste tourne
volontiers en dérision.
Délicates, fluides et volubiles, les foules de Pierre Debroucker
sont sentimentales et délicieusement caustiques. Leur esthétisme amusé nous
place dans une profonde sensibilité pour les contempler avec un réel plaisir.