Do Delaunay travaille son désir d’harmonie et celui de célébrer la beauté du monde en faisant surgir de la surface abstraite, le symbole. Cette unité en présence se figure par le carré et le cercle.
Redéfinis
et circonscrits par leur poids symbolique, ces nouvelles identités sont
désormais autonomes, chargées d’un potentiel d’appréciation esthétique.
L’artiste utilise leur dualité et l’espace qui les unit autant qu’il les
sépare.
« Tout est toujours dans un entre-deux. »
En
représentant le caractère inséparable de ces propositions contradictoires, ce Yin/Yang
pictural s’anime sous un équilibre remarquable.
Do
Delaunay se présente comme un artiste primitif contemporain. Sa démarche met en
tension deux affinités que tout oppose a priori. Une formation cartésienne en
physique et en menuiserie et un attrait irrésistible pour la pensée chinoise
originelle, transmise par le Yi Jing, le Livre des Mutations.
A
côté du carré jaune très présent dans ses travaux, en allusion à la terre, et
le cercle bleu, au ciel, l’artiste fait également référence aux trigrammes
chinois qui définissent les éléments naturels : le ciel, le tonnerre,
l’eau, la montagne, la terre, le vent, le feu, la brume.
Au
carrefour de l’humour et de la poésie, chacune de ses œuvres est un terrain
nouveau, infini et unique qui ne se restreint pas aux évocations spirituelles.
Ses
gestes sont simples, épurés. L’énergie de ses traits
accompagne par touches un espace composite, d’une curiosité insatiable. Déclinant en de légères variations sa
gestuelle, il emporte le motif dans une autre dimension et n’hésite pas à
tordre au-delà de la planéité le châssis. Il se réapproprie la technique de
l’accumulation pour échapper aux stéréotypes de lisibilité de la représentation
symbolique. Ses accrochages subliment la valeur de ses pièces.
Photos,
dessins, gravures, peintures, sculptures, ses œuvres prennent des incarnations
différentes mais toujours avec cette unicité parfaitement identifiable.
Il
expérimente la matière et travaille sa toile comme une terre primitive.
L’huile, la colle, le sable, les coquilles d’œufs, les copeaux de bois,
l’argile participent à la transformation du relief.
« Mais
la vraie matière d’une œuvre, c’est le temps. Le temps de gestation, de travail »
poursuit l’artiste.
Do
Delaunay fait de la question du temps, de la capture ou de la concentration
d’un instant, de la vitesse de réception du regardeur, du décalage temporel, du
suspend, son sujet.
« La
peinture est aujourd’hui un ralentisseur de regard. Nous sommes tellement
bombardés d’images. L’œil devant la matière et l’énergie dégagée par la
peinture est irréductible. La peinture est un territoire que l’on ne peut pas
reproduire. »