Dans sa dernière série « Les
corps en mouvement », Serge Antigny met à jour sa technique d’imbrication
photographique en intégrant et déformant des photos de danseurs et de gymnastes
en surimpression sur fond de végétaux.
De la nature au
corps, son territoire en continuel renouvellement propose ici une approche d’une
nouvelle mixité, mutable, toujours en mouvement.
Son « photographisme » ou l’art de superposer la photographie et le graphisme,
l’entraine vers un traitement inédit de l’image multiple.
L’artiste
intègre ici d’avantage l’univers de la représentation et scande son champ
visuel avec des visages, des corps parfaitement identifiables.
« J’ai choisi l’expression de
danseurs ou gymnastes pour l’élégance du
geste, le dynamisme des poses, ce qui m’a permis de faire virevolter les compositions en créant des abstractions dynamiques, en déformant
également les corps parfois exagérément pour éviter les poses trop académiques. »
Soirée dansante |
Serge Antigny
choisit le corps comme principal véhicule de l’expérience. Il opère par
appropriation, association, déplacement, superposition et distorsion. Il multiplie,
accumule et colorise tout en mixant et valorisant ainsi une esthétique du
fragment, vers une une vision multiforme.
Sa conception du réel comme
champ disséminé se dessine et laisse la question du surgissement et de la
perception immédiate se poser.
Visuel et fracturé, son
procédé fait état de multiples états de conscience. Instantanéité
et mémoire d’une part, simultanéité de la perception d’autre part. A
l’intérieur de ce dispositif, la marge de liberté est grande et ouverte vers de
multiples perspectives qui marquent l’expérience contemporaine.
Reconstruites de toutes
pièces, ses compositions tendent vers une collision inattendue. De la photographie
au graphisme, la représentation se détache des corps. Elle n’a plus de lieu ni
d’identité et devient fantôme.
Cette technique de la
disparition et du brouillage est une marque de fabrique de l’artiste. Une
remarquable caractéristique d’indétermination qui a pour conséquence
d’halluciner notre point de vue qui nous échappe à tout instant.
Serge Antigny dilate la
sensation du temps et de la narration. Il créé son propre langage fictionnel et
poétique qui lui confère une atmosphère tout à fait particulière et
profondément originale, d’une délicieuse et hypnotique confusion.