« Ma matière
première est avant tout la lumière que je rêve de maîtriser et d'exalter. »
L’artiste
joue des combinaisons et des ressources infinies offertes par ce matériau de la
transparence qui reflète les sources lumineuses, naturelles ou artificielles. Il
qualifie d’ailleurs, ses œuvres d’art de « sculptures
lumière. »
La lumière comme la matière
sont sculptées pour faire émerger des formes inhabituelles, des objets en
mouvement.
Il
désacralise de ce fait le vitrail et ouvre son champs d’expérimentation en le
transposant sur des supports multiples, des objets de la vie courante qu'il se plaît à détourner ; mobilier, miroir,
paravent, lampe, suspension…
« Il
s'agissait pour moi de créer un nouveau style de vitrail, plus contemporain, et
plus proche de la sculpture de verre généreuse et sensuelle : du totem
majestueux qui s’élève à la lampe triangle séduisante qui se pose. »
Serge Elphège apporte un soin
tout particulier au détail et jongle avec les techniques.
Son procédé présente une
savante fusion entre le passé et la modernité. Après avoir longuement été
travaillés au croquis sur la base du nombre d’or, des verres acidulés et
transparents, mariés aux objets d’aujourd’hui, et intégrants parfois
l’extravagance d’outils multimédia, sont assemblés avec la technique ancienne
du montage au plomb.
La Fée Mélusine, 2013, H : 1m70 l :
1m25, 5 panneaux articulés, 163 pièces.
La
masse de l’objet et le cadre géométrique des plaques de verre sont mis en
tension.
Un
jeu de reflets entre les formes minérales et organiques qui composent le motif
à dominante abstraite, vient dès lors s’ajouter.
« L'abstraction favorise davantage
l'imaginaire et la liberté. Ses formes expressives invitent à provoquer une rencontre et à entendre une musique
plus poétique du vitrail. »
La non figuration, l’entrelacement des motifs,
l’emploi de couleurs puissantes, comme le rouge ou le bleu et leur traitement
en larges surfaces, participe à la recherche d’un certain lyrisme. Celui-ci
implique un impact émotionnel sur le spectateur et créé une nouvelle atmosphère
spirituelle.
« C'est
un passionnant domaine de création artistique et il peut, lui aussi, être
porteur de messages autres que religieux. »
Serge Elphège marque également
son empreinte en portant une attention particulière à l’instant. Cette
esthétique délicate imbrique des fragments éphémères d’appréhension, le temps
d’un moment, magique, là-même où la lumière se réfléchit à travers le vitrail
et ne se réfléchira peut-être à nulle autre pareille.
L’artiste donne à la
lumière une nouvelle dimension et transforme l’espace. Par ce jeu de réflexion, les couleurs de base se
mêlent aux complémentaires et achèvent de bouleverser l’ensemble pour tendre
vers des effets d’irréalité.
Cette captation lumineuse, son imprévisibilité, comme la
répartition des couleurs, génèrent un équilibre toujours vivant. Chaque pièce
est habitée de sa vie propre, opacifiée ou plus effacée.
Ses compositions sont pensées
comme de véritables puzzles de verre. Des tranches de vies, en quelque sorte, recomposées
sans cesse, et envisagées à chaque fois dans un état modifié.
L’artiste apporte sans conteste un souffle nouveau à l’art du
vitrail. Il l’envisage hybride et souligne sa malléabilité en lui redonnant
une transparence et une épaisseur singulière.