Elle peint à l’aquarelle sur un papier à grains fins des lieux calmes et harmonieux, des paysages imaginaires d’ici et d’ailleurs. Construits autour de la ligne, ses traits sont inspirés de l’univers urbain mais aussi marin où l’on distingue les falaises et la mer.
« La ligne horizontale planifie, la
ligne verticale apporte une dynamique. »
Nettes
ou plus diluées, les lignes se figent dans le temps autant que dans l’espace.
Les
lieux apparaissent et disparaissent sur la surface, semblant s’évanouir et
évoluer en apesanteur pour constituer un véritable univers de rêverie.
La
peinture de Catherine Feintuch a quelque chose de familier, comme si elle avait
été volée à nos souvenirs personnels. Elle est envisagée comme des pensées que
l’on oublie et qui ressurgissent. Ce jeu d’apparitions et de disparitions est-il
résolument souhaité ou volontairement oublié ? Il nous laisse
incontestablement l’opportunité de nous surprendre et de respirer.
Le
motif n’occupe qu’une partie centrale de la surface. Autour le blanc, néant,
non imposant, participe à la lecture de l’œuvre. Il montre la solubilité de la
matière, sa plasticité et son éphémérité, et tente d’en capter son magnétisme.
L’artiste
peignait à l’huile avant de s’apercevoir qu’avec l’aquarelle elle obtenait
beaucoup plus d’effets de lumière et de reflets.
La
lumière est une condition indispensable à sa création afin de mettre en relief
les propriétés et les accidents de la peinture.
Son
procédé technique est guidé par son geste automatique et quotidien. L’artiste peint
plusieurs heures par jour. Son atelier est une véritable cité de buildings de
papiers qui remplissent l’espace sous un équilibre fragile. Ces pyramides imposantes
ont pratiquement toutes le même support ; un format 52 x 37 cm qui s’empile
avec frénésie et qu’un simple courant d’air pourrait bouleverser. Catherine
Feintuch est indéniablement une artiste super active.
« Je peins quotidiennement car
c’est une forme de respiration, de bien-être. »
Ce
souffle de vie défile sous nos yeux comme autant de formes abstraites, parfois
plus figurées. L’artiste nous place tantôt dans une désorientation sensorielle
tantôt dans une identification de formes, de situations, de lieux.
Au
sein de ce monde au-delà du réel, un sentiment d’une dimension parallèle se crée.
Absorbée,
recomposée, renouvelée, l’énergie esthétique de Catherine Feintuch est
génératrice d’anecdotes, potentiellement apte à faire chanceler le tangible.
Cette
manière très délicate et fluide de procéder, nous invite à contempler
poétiquement un décor en nous offrant une lecture sensible, réenchantée de
l’errance. Elle donne à ses aquarelles une douceur tellement reconnaissable.