Éternité, gouache, 70 x 100 cm |
Ofil illustre
la relation essentielle qui lie le paysage au regard humain. Sa touche
figurative laisse toujours place à l’imaginaire pour peindre les lieux de sa
région, la Bretagne, là-même où la mer, la terre et les cieux sont aussi
splendides que fugaces, expressifs à l’infini.
« J’aime
les ciels chargés et les risques induits. »
Un ciel, une île, des haies, une falaise, un port, un bateau échoué… Dans
sa pratique du paysage, le peintre questionne la représentation du réel et la
relation à l’espace dans lequel le regard se projette.
Il n’appréhende pas le paysage dans son entièreté, mais le présente comme
un fragment, une pièce isolée d’un ensemble géographique plus vaste. Il transpose
généralement d’une perspective assez éloignée comme s’il souhaitait en
repousser toujours plus loin les limites. Avec ce point de vue en retrait, la
scène acquiert un nouveau statut. Entre le céleste et le terrestre, son ancrage
spatial invite le spectateur à éprouver les contours de la situation.
La plupart de ses paysages ont en commun un état de délabrement. Malgré
leur équilibre fragile, ils existent encore. Avant de sombrer dans l’oubli, ils
emporteront avec eux une part de mémoire et de vie. C’est l’objectif de l’artiste
qui procède à une dernière captation avant leur destruction. Il ne réalise pas le froid portrait de lieux inanimés en désuétude, il
peint en évoquant leur âme. Cette expression déterminée, porteuse de sens, se
communique facilement avec une sensibilité aussi palpable que poétique.
« Souvent
en déshérence, ces paysages disparaissent dans l’indifférence quasi générale et
ce, dans un silence assourdissant : bâtiments menaçants en ruine,
carcasses de bateaux, haies vouées au remembrement… J’essaye de leur donner de
la voix. »
Ofil peint sur papier ou sur
toile avec une préférence pour les gouaches qui utilisent le liant traditionnel, celui de la gomme
arabique qui donne plus de souplesse.
« La
gouache a pour moi une profondeur et une luminosité incomparable. »
Au préalable, il réalise des croquis au feutre ou bien des photos qui lui
servent de base de travail, et travaille plus rarement de mémoire.
Son œuvre illustre de façon fort significative la
tension entre les principes de composition qui président à l’élaboration du
paysage et les changements de l’éphémère nature.
Son intérêt pour les situations
transitoires, les phénomènes de l’atmosphère et des nuages en particulier lui permet de se confronter à la
variabilité permanente du ciel. Le climat et la lumière sont si fugitifs que le peintre ne
dispose que d’un bref instant pour fixer la scène.
Cette expérience originelle du paysage invite au
calme, à une certaine mélancolie. Les toiles d’Ofil rendent tangible la beauté
d’un lieu afin d’en mettre à jour le mystère. Elles permettent à chacun de retrouver
et cultiver individuellement ses émotions face à ce merveilleux spectacle de la
nature.