Black&White Nu 8, acrylique sur toile, 162 x 97 cm, ADAGP |
Son œuvre est un corps, un mouvement
en soi. La première étape est toujours une capture. Pour sa série B&W,
Claude Fougerousse exploite la gestuelle de son modèle pour en extraire le
caractère, la tension. Il est attentif au moment, à l’affût de l’instant où le
corps apparaît sous une certaine contorsion.
« Le corps féminin, je peux
idéaliser ses courbes, les modeler à ma convenance en tirer une grande
expressivité pour tenter de mieux en découvrir les mystères. »
Avant de poser l’acrylique noire, sa
couleur du moment, l’artiste réalise ses premiers traits au feutre noir sur la
toile blanche. Pinceaux brosses et éponges à deux
faces lui permettent ensuite de modeler le noir à sa convenance et de retrouver
la virginité initiale de la toile.
L’ombre et la lumière comme matières
premières
« Depuis
toujours je suis attiré par l’ombre et la lumière, surtout la lumière dans
l’ombre. Contrairement à la couleur que j’utilisais dans mes séries
précédentes,
le noir et blanc, contraste maximum,
m’oblige à saisir l’essentiel.
Plus j’évolue dans cette série, plus
le noir pénètre et dévore le blanc. »
D’un noir intense et dense, le fond
de chacune de ses toiles semble engloutir le corps dans une absorption visuelle
sans failles.
Ce noir et blanc ne fait
qu’accroître le secret. Entre la lumière, la vérité, la beauté, le rêve et
l’amour, l’ombre participe à l’invisible, au caché, à l’insaisissable, à
l’inconnu. Cette dualité marque cette suspension temporelle où tout peut
surgir.
Un espace, un silence, un antre
magique où tout se crée.
Du réel à l’intime
Le corps singulier et voluptueux
semble se détacher pour devenir autonome.
Une sensation de flottement figé se
dégage. Le rejet de la profondeur fait que le corps sans poids semble s’apposer
sur la toile sans y adhérer.
Le regard du modèle ne croise jamais
celui du spectateur, fermées ou parfois entrouvertes, les lèvres marquent
un rictus discret, un songe, une béatitude.
Cette attirante confrontation
Les figures sculpturales et
anatomiques de Claude Fougerousse révèlent une puissance à la fois organique et
funèbre. La présence de leur corps s’offre à ce jeu de vie et de mort en nous
offrant une curieuse emprise sur lui. Eros et Thanatos s’affrontent.
La posture brûlante et
expressionniste répond à la ligne gestuelle parfois sévère et clinique, ce duel
légitime se transforme en une attraction vertueuse et sensible.