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Armelle Fox, l’instant figé de la disparition



Armelle Fox est une artiste « risque tout » qui aime multiplier les mues successives et les accidents sans repentir. Ses supports fragiles, délicats et contraignants ; papiers de verre, papiers libres ou papiers de Chine se modulent selon inspiration, marouflés sur toile ou transformés en sculpture deux dimensions, laissant toujours une part au hasard.

Après avoir travaillé le corps pendant des années, l’artiste se consacre à nouveau aux lieux qu'elle avait abordé dans sa série « Etat des lieux » dans les années 90.
Sa palette aux nuances infinies de noirs, blancs, gris en dégradés revendique une référence à la tradition romantique du paysage.
« Je me méfie énormément de la couleur qui est tellement séductrice. Je prends mes distances vis à vis d’elle. »
Ses pigments pulvérisés, absorbés et grattés nous précipitent en douceur dans une immersion enveloppante et sensuelle. Très vite, la présence d’une autre sensation plus étrange émerge.

Du diffus au réel

Dans ce plongeon au cœur obscur de la matière, l’instant fige une angoisse fugace. Le non-visible domine. Cette zone d’ombre où se niche le mystère et la disparition constitue le leitmotiv cadencé de l’artiste.  Armelle Fox souhaite effacer tout en laissant une trace, parfaitement encrée dans le réel. Les rehauts d’encre et autres traces de rouille amplifient ce dialogue d’empreintes furtives.

Les corps, les portraits comme les paysages naissent de son imagination mais s’appuient sur certaines réminiscences. 
Il est difficile de débusquer les pistes sous ces brumes en suspend, ces marquages qui révèlent en voilant car le connu se transforme constamment pour devenir autre.
Du rêve au réel, un jeu constant de reflet-miroir entre la forme recherchée et le surgissement se construit autour d’une ligne horizontale qui structure et équilibre le motif.
« En terme de picturalité, ce qui prime pour moi ce sont les valeurs et les masses. La couleur arrive après et se pose une fois que tout est en place. »

La présence dans l’absence

Pour que la disparition puisse avoir lieu, la présence doit défendre sa singularité. Cette mise en tension du fragile et de l’infaillible, du transparent et de l’opacité, du durable et de l’éphémère interagit sans relâche avec le regardeur.
L’univers d’Armelle Fox met en scène des images d’un espace sensible, un monde flottant avec ses situations autant avouées que cachées, là-même où l’indicible souvenir apparaît pour se dérober ensuite.